Frank Fink est né à New York en 1941. Le soir, lorsqu'il rentre du travail, qu'il allume sa radio et ingurgite sa dose quotidienne de propagande allemande, il n'a pas vraiment peur. Même s'il est juif. Il n'arrive simplement pas à se souvenir de celui qui a eu la bonne idée de l'envoyer en Californie avant que la côte Est ne tombe sous la botte nazie, après la capitulation des États Unis en 1947.
Ici, il a de la chance. Les dirigeants japonais sont beaucoup plus civilisé que ceux de la peste brune. Aujourd'hui, il s'appelle Frink, ca évoque moins les soupçons. Sous la domination nippone, la vie a presque reprit son cours normal. Il s'est fait aux usages de l'occupant et a adopté, comme tous, le Yi-King, le livre des transformations. Mais depuis peu, un autre livre gagne les faveurs populaires. Un livre interdit. Un livre évoquant la victoire des alliés en 1945 et le suicide du Führer. Un livre écrit par un ermite reclus dans un haut château.
Ce roman est brillant. La narration suave et enivrante plonge très rapidement le lecteur dans cette nouvelle civilisation où s'épanouit le pouvoir nippon, tout en finesse et poésie, sur fond de souffrance et de terreur nazie. Quand au scénario, simple mais redoutablement efficace, il marque profondément le lecteur, un peu comme quand un Houdini fait disparaitre un éléphant sous vos yeux ébahis. Une oeuvre monumentale.