Depuis qu'elle avait vu, pour la première fois à cinq ans, une redif des pas de Neil Amstrong sur la lune, Paula avait forgé le désir secret d'être astronaute sans jamais vraiment y croire. Et maintenant qu'elle est enfermée dans les cinq mètres-cube qui lui servent de chambre depuis plus de cinq ans, à bord de la navette Edenvour, qui est en route vers Titan, un des satellites de Saturne, elle commence à se remettre sérieusement en question. Elle s'est pourtant battue pour ce rêve, pour elle mais pas seulement. Pour la gloire de la NASA, et puis aussi pour l'humanité, encore une histoire de bond.
Mais, lorsqu'elle regarde autour d'elle, il n'y a plus de place pour ces idéaux de gamine. L'humanité, que ce soit dans une carcasse de métal ou de roche dérivant dans l'espace, disparait piteusement au profit d'une barbarie suicidaire où même la survie ne semble plus qu'une illusion. Ne reste plus que la folie, ou la foi, et un objectif : Titan, qui se rapproche à une vitesse jamais atteinte auparavant par les hommes, une balise perdue dans l'espace, marquant une nouvelle étape dans l'histoire de l'humanité, ou simplement sa fin...
Commençant sans grande prétention littéraire comme un descriptif riche et précis pour tous les fondus d'aéronautique, ce roman décolle doucement vers une analyse, certes pessimistement clichée, de notre civilisation, mais suffisamment pertinente pour intéresser assidûment le lecteur au moins passionné d'espace. On regrettera un travail plus en profondeur qui aurait fait de ce voyage, le pèlerinage épique attendu aux limites du vieux rêve de conquête de l'humanité.