Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Dieu venu du Centaure - Dick, Philip K.

Ces derniers temps, les valeurs immobilières sur Terre sont en pleine mutation. Les lofts au sommet avec vue panoramique et tout le toutim c'est un peu has been. Surtout depuis que l'exposition au soleil est devenue, suite à la brusque accélération du réchauffement de la planète, un peu trop souvent mortelle. Le top c'est le sous sol, mais ça c'est plutôt réservé à l'élite, genre présidents de multinationales interplanétaires. Bref des types comme Léo.

Léo lui s'accommode plutôt bien du climat torride. Il faut dire que cela participe raisonnablement à faire de la vie un enfer sur Terre. Et justement Léo est spécialisé dans la vente de mondes meilleurs : les combinés P.P, les machines à rêver, et leur carburant, la drogue D-Liss. Et comme il détient le monopole de cette fructueuse industrie de l'illusion, cela va plutôt bien pour lui.

Enfin, jusqu'à ce qu'un explorateur, Palmer Eldtrich, revienne de Proxyma du Centaure avec une nouvelle drogue, cent fois plus puissante et cent fois plus dangereuse. Surtout pour l'affaire de Léo. Mais bizarrement ce n'est pas ce qui l'inquiète le plus. Ce qui effraie vraiment Léo, c'est la nouvelle forme d'illusion que l'explorateur ramène en plus de sa drogue. Une forme que ce dernier semble manier avec une perfection quasi... divine.

Pour ceux qui douteraient encore du talent de cet auteur, ce roman devrait finir de les convaincre. Le style, un peu surprenant au premier abord, permet une narration à la fois concise et d'une grande richesse qui octroie une impeccable cohérence à cette oeuvre. Dès lors, le monde présenté, plutôt original, s'enracine et se répercute dans l'esprit comme de simples, mais fascinants, échos du réel. Et lorsque le tout est coulé dans un scénario qui élève la manipulation du lecteur à un véritable art, on ne peut qu'aduler Monsieur Dick comme l'un des incontestables maîtres du genre.