Avant de parler du roman en lui-même, je pense qu'il faut avant tout parler un peu de l'auteur. Pour ceux qui ne le connaissent pas déjà, Ayerdhal est un auteur français, je dirais même un "fameux" auteur français qui, depuis 1992, a écrit de nombreux romans, a reçu trois prix littéraires et surtout, est devenu, avec quelques autres lauréats (Gaborit, Bradbury, Proust-Tanguy, R.C Wagner...) un de mes chouchous. Pourquoi cela ? Bah... procurez vous Le Chant du Drille et vous comprendrez pourquoi.
Tout commence par une lettre. Une lettre qui essaye de décrire la beauté, le sublime, le merveilleux... que contient le chant des drilles. Qu'est ce qu'une drille ? Un petit être humanoïde, vivant sur Taheni, planète à peine colonisée, vierge, sauvage, paradisiaque... Mais voilà qu'après quelques années de cohabitation entre les hommes et les drilles, ceux-ci viennent organiser aux portes des villes et des villages tahenites des suicides collectifs... ce qui, avouons le, n'est pas super bon pour le moral des êtres humains. (Imaginez que chaque matin, vous vous leviez et que vous découvriez devant votre porte une quinzaine de chiens qui se sont laissés mourrir sur votre paillasson... Ca fait désordre, non ? ) Bref, on envoie sur Taheni, Lodève, inspectrice génerale des colonies, pour essayer d'y comprendre quelque chose. Et, autant vous prévenir, il va y'en avoir des choses à comprendre !
Le Chant du Drille, premier roman d'Ayerdhal, est un excellent roman. Cela se lit vite (voire même trop vite, mais j'y reviendrai). Et même si on se sent quelques fois un peu largué dans l'administration homéocrate, je dirai que cela a du bon car le livre perdrait de sa fluidité si on nous expliquait pendant un long chapitre ce qu'est l'Expansion, la Commission... Et puis, à mon sens, c'est un des charmes d'Ayerdhal. En effet, ce qui me plait dans ses romans, outre l'univers qu'il peut nous décrire, c'est l'engagement, la passion qui transparaît dans son écriture.
J'ai ressenti la même chose lorsque j'ai lu Demain, une oasis (chez J'ai Lu), à savoir que par moments, on a la sensation que c'est Ayerdhal lui-même qui parle derrière ses protagonistes ; et ça, c'est un réel plaisir. Et puis, aussi, Lodève est un personnage des plus attachant, tant par son intelligence que par ses défauts. La seule petite ombre au tableau, j'en ai déjà fait l'allusion plus haut, c'est que Le Chant du Drille est un peu trop court. En effet, je regrette qu'il n'y ait pas eu quelques autres brefs moments de poésie et de merveilleux en compagnie des drilles.
Conclusion, remercions tous en choeur la maison d'édition Au Diable Vauvert d'avoir réédité Le Chant du Drille, car je n'aurais peut être pas pensé toute seule à aller voir l'ancienne édition, et je m'en serais mordue mes petits doigts.