Les Chroniques de l'Imaginaire

L'Evangile du Serpent (La trilogie des Prophéties - 1) - Bordage, Pierre

L'histoire se passe en France, sur les routes, à Eurodisney, en cyberlive avec Lucie sur la cuvette des toilettes, et dans tous les journaux. C'est un fait divers, une anecdote ou un signe négociateur du vent du changement. Premier volume de la nouvelle trilogie de Pierre Bordage, L'Evangile du Serpent est un roman contemporain français. On y rencontre, par il interposé celui que certains appellent le nouveau messie : Vaï-Kaï. Lil de yann, son bras droit, de Mathias, le tueur professionnel, de Lucie, l'ancienne strip-teaseuse sur le net, de Marc, le journaliste usé. Est-ce un escroc, ou le sauveur ? Est-ce un charlatan, ou un homme-médecine aux puissants pouvoirs ?

« Le Christ est revenu ! Il vit dans l'Aubrac et accomplit des miracles ! »
« Saleté d'opportuniste que ces pseudos-shamans, à profiter de la crédulité des gens, je vous le dis. Paraît que c'est un violeur d'enfants et tout ! »
« J'ai compris tout de suite que Vaï-Kaï était une opportunité. Avec un peu de chance, je ferai bientôt parti de ses premiers disciples, alors imaginez les avantages en nature, le respect, l'admiration des foules certes dirons même que j'ai hérité de certains pouvoirs du shaman qui sait ? »
« Vaï Kaï ? Oui, je suis une proche de Vaï Kaï. Ou plutôt je l'étais. Tout ce mouvement autour de lui, tous ces profiteurs, ces vampires. Je préfère m'éloigner de lui, car au fond, la distance importe peu quand il s'agit du coeur. »

Le livre se compose en alternance, semblables à des versets bibliques : Mathias 1, Marc 8, Lucie 1, etc Celles de Mathias et Lucie sont particulièrement dures, éprouvantes pour les nerfs, intolérables de cruauté. Bordage est impitoyable avec son lecteur : il lui montre la réalité de la vie moderne, ses impasses, ses atrocités, et surtout ses vices les plus impardonnables. Les deux autres récits ont moins retenu mon attention, bien que l'ensemble forme un tout, chacun de ces personnages étant relié aux autres par un fil invisible, éléments dune même étoffe, dune même toile. Peut-être parce qu'on y (re) découvre un Bordage moraliste, et une influence visible du shamanisme et du bouddhisme sur sur le discours de fond. Mais dans le même temps, c'est aussi l'ocasion de découvrir un Bordage humain, qui n'a pas peur de montrer ses convictions (après, on adhère ou pas), ce qui finalement est assez rare pour être apprécié. Un Bordage libre de sa propre image, conséquent là où on ne l'attend pas, sincère avec ses propres motivations d'écrivain.