Et nous voici déjà à mi-chemin de cette formidable aventure qu'est la quête de Killy le détective-aventurier dans le Cyber-donjon. Nos deux héros sont toujours dans les chantiers orientaux, et rencontrent à nouveau le couple Seu et Mainserv, à qui ils vont sauver la vie par deux fois. L'occasion de découvrir un pan de la tragique histoire d'amour qui lie la Dame I.A. et son électrochevalier. Scènes d'action intenses, décor plus géométrique que jamais, allant vers une épure qui ne rend que plus manifeste l'aspect bubonique de sauvegardes de plus en plus monstrueuses, ce cinquième volume de Blame ! se conclue également sur une note assez pessimiste, manière de relancer l'intrigue de manière assez efficace.
Les deux grands méchants de la série, Ivy (variation de Evil ?) et Maeve, sont eux aussi présents voir à ce propos la dernière case du volume, qui réussit très bien à produire un effet « to be continued » cauchemardesque à souhait. Présentés en couleurs au début du volume (une page pour un Killy gris-métal, une page pour deux méchants en noir et rouge sang), le ballet mortel de la poupée désarticulée et de l'antipaladin cyber-oriental donne la réplique parfaite aux virevoltes d'un Killy de plus en plus érodé et désarticulé.
Il faut dire à ce propos un mot sur la couverture : on y voit un Killy bardé de rayures et éraflures (on ne peut décemment pas parler de blessures), au corps couverture de métal, à peine émergeant du décorum de tubes d'acier et de plaques de chromes qui l'entourent. Immobile comme une statue, le regard figé, métallique, minéral, Killy nous regarde, et voici qu'il semble s'effriter. On imagine bientôt notre héros s'effriter, ou se désarticuler boulon après boulon. Le titre, dans une typographie éclatée, vient confirmer cette impression de dislocation.
L'augure no-future d'un cyber-héros voué à se décomposer dans la matrice numérique ?
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