Seconde moitié du 18ème siècle, alors que la France et l'Angleterre se livre une guerre sans merci pour la possession du Nouveau Monde, Wilder, jeune marin, erre dans la ville de Newport avec ses compagnons Fid et Scipion, dans l'attente d'un providentiel emploi. La rencontre d'un curieux avocat va précipiter nos trois comparses sur un singulier négrier, mais est-ce vraiment un vaisseau esclavagiste ?
Voilà l'intrigue mise en place, dès le départ, l'étrange sensation que produit l'avocat indique que quelque chose ne va pas... Et, effectivement, à partir de ce moment, nous voilà embarqué pour de pittoresques aventures, et je pèse mes mots tant l'accent est mis sur les tribulations de notre héros. En l'espace de 150 pages, Wilder va connaître poursuite, tempête, mutinerie, combat, amour... bref, tout ce qu'un matelot de ce temps peut expérimenter en mer... Et si parfois le récit s'agrémente d'instants mélancoliques chers a l'écrivain, le thème de l'Amérique et du déracinement étant repris dans de nombreux autres romans, on retiendra surtout l'écheveau complexe qui trame l'histoire, à l'image des personnages au passé, ou à la personnalité tous plus grandiloquents les uns que les autres.
Les rebondissements n'en finissent plus, au point qu'une certaine extravagance s'ingère dans le dénouement, qui perd par là un peu de sa crédibilité... Si l'histoire donc, peut paraître des plus saugrenue, l'écriture, elle, nous offre une fluidité qui confère un charme accru, car le récit, malgré une fin artificieuse, est néanmoins plaisant, très plaisant.. Les rares passages descriptifs sont d'une limpidité presque poétique, et l'on souffre de ne pas en avoir plus.
Ainsi, je me permets de chroniquer cet ouvrage dans le cadre des Chroniques de l'Imaginaire (malgrè l'ancienneté de l'édition et sa collection ringarde), outre que ce soit un roman de piraterie, et que ce soit une oeuvre de Fenimore Cooper, à qui l'on doit entre autre Le dernier des mohicans, car c'est aussi l'un des ces livres qui s'avalent d'une traite, permettent une symbiose avec l'imagination, repoussant la barrière du mot et de la raison ; un de ces livres qui a fait, qui fait, et qui fera rêver encore des milliers d'enfants (tout comme les adultes d'ailleurs ! Avec un peu moins de ferveur, d'accord...) ; un de ces livre qui révèle la simplicité de l'Imaginaire, la beauté du mot, la magnificence d'une phrase habile... A l'âge de tous les devenirs possibles...
Offrez donc ce noble présent à votre petit frère, votre fils, votre petit cousin...Qu'il puisse voguer sous le firmament, bercé par les claquements du pavillon, la face impérieuse, juchée sur le gaillard d'avant, face à l'océan... face aux horizons azurés qui l'attendent...
