Les Chroniques de l'Imaginaire

Le lien maléfique (Saga des Socières Mayfair - 1) - Rice, Anne

Rowan Mayfair est un neurochirurgien de talent, qui vient de sauver in extremis la vie d'un homme tombé à la mer. Ce que Rowan ne sait pas, c'est qu'elle est la dernière descendante d'une lignée de sorcières aux pouvoirs hors du communs, servies par un esprit mystérieux dont on ne sait pas s'il est esclave ou maître des sorcières.

L’histoire va réellement débuter lorsque Rowan, avertie que sa mère - qui l'a abandonnée à la naissance - est morte, va se trouver plongée dans les racines de sa famille de la Nouvelle Orléans. Elle va peu à peu découvrir l'histoire de ses ancêtres, le destin qui les a poussé vers la richesse et la sorcellerie, ainsi que le but inavoué que poursuit cet esprit qui prétend les servir pour parvenir à s'incarner.

Les destinées s'entremêlent, l'ordre d'observateur du Talamasca vient surveiller la dernière sorcière, tandis que Mickael Curry, l'homme qu'elle a sauvé, voit le futur à travers ses mains et se précipite pour sauver Rowan.

L'histoire était bien tournée, les personnages complexes et les lieux suffisamment évocateurs pour créer une grande saga à l'égale des Vampires. Malheureusement, on ne parvient pas à s'attacher au personnage de cette neurochirurgienne froide et sévère, à Mickael Curry, caricature d'irlandais jovial, sympathique et alcoolique, à Aaron Lightner, l'observateur anglais flegmatique et élégant.

Le style d'Anne Rice, toujours aussi flamboyant et cristallin sert de prétexte à des descriptions à rallonge de lieux, qui auraient peut-être mérité de rester un peu plus dans l'ombre, car ils ralentissent et étouffent parfois un peu trop l'action.

De nombreux passages tirés d'un journal de famille permet au lecteur de découvrir la généalogie des sorcières, mais le journal ne change pas d'écriture par rapport à la narration de l'auteur, et nous distancie des personnages présentés, dont on suit les mésaventures sans grand intérêt.

Il en ressort une impression poussiéreuse d'un capharnaüm historique, un roman russe sans vodka, et les méfaits de l'esprit Lasher finissent par s'apparenter aux facéties d'Halloween de gamins costumés.

Lasher, justement, l'esprit du roman, être immatériel dont la seule ambition est de s'incarner grâce aux pouvoirs de ses sorcières, est finalement le personnage le plus attachant de l'histoire, par ses méchancetés gratuites et ses tentatives sanglantes pour intégrer le monde des vivants. Persécuteur et victime, esclave et maître, amant et intrus, Lasher demeure le point focal de cette histoire dont il n'est pourtant que le sujet et non le héros.

Il m'est resté de cette lecture un sentiment d'inaccompli, bien que les 763 pages se lisent sans difficulté ni fatigue. Un peu décevant, mais prometteur, ce premier tome donne l'impression d'être une introduction à ce cycle, servant à démêler l'écheveau de la lignée des sorcières et à planter le décor.