L'île au trésor... Titre qui en renverra plus d'un à son enfance. Vieux classique en effet, qui se transmet de générations en générations, depuis maintenant plus d'un siècle, et écrit par l'un des maîtres de l'aventure : Robert Louis Stevenson. A croire que mon exemplaire s'était perdu, ou peut-être avait-il souffert d'une basse rétention, puisque, voyez ! Il a fallu bien des années avant la résurgence de cette brise maritime.
Le récit commence de manière rétrospective, et nous transporte dans la peau d'un jeune garçon, Jim Hawkins, qui voit arriver, un beau jour, dans l'auberge familiale d'un vieux loup de mer, ce vieil ivrogne, qui se pare du titre de capitaine, passe ses journées à arpenter la crique et les alentours de la taverne, à chanter, à terroriser les clients et à boire... Rien de bien particulier me direz-vous ! Mais, tout commence à changer pour le petit Hawkins lorsque son père meurt et que les vieilles connaissances du capitaine refont surface. Va alors commencer un long périple, semé d'embûches, de trahison et de mutinerie, pour retrouver le trésor de Flint, l'un des boucaniers les plus sanguinaires qui ait jamais existé...
L'une des qualités de ce roman est certainement l'écriture, mais n'est-elle pas l'une de tout grand auteur ? En effet, elle sert ici admirablement l'intrigue, qui se veut efficace, et l'est de fait. Les évènements s'agencent parfaitement à la suite les uns des autres, les procédés qui la font avancer sont divers et tiennent le lecteur dans l'expectative. Tout, dans ce livre, est bien ficelé, pensé, maîtrisé, autant l'intrigue que les personnages. En point de vue interne, l'on découvre avec le mousse Jim l'aventure, les pirates, l'ivresse de l'or qui aveuglent, avilit les hommes, l'on est aussi fasciné par cette ivresse immorale, cristallisée en la personne de Long John Silver, personnage équivoque au possible. C'est pourtant avec Jim aussi que l'on va peu à peu se désenchanter, après une première partie pleine de promesse, le récit bascule dans le prosaïsme. Comme les rêves de Jim se retrouvent confrontés à la réalité, qui s'avèrera bien moins impressionnante, notre enthousiasme s'évaporera avec l'insipidité de l'histoire, qui par trop de cohérence, de crédibilité, de rationalité, de maîtrise, se départira du caractère éblouissant de la découverte. Cette dernière réflexion n'engage que moi, c'est du moins l'impression que m'a fait ce récit, impression qui m'a d'ailleurs surpris lorsque l'on a eu vent des prétentions de l'auteur à faire de ses romans des aventures libérés de la réalité, se rapprochant de l'art pour l'art. Il n'y aura pas ici d'abordage, de pendaisons, d'épopées mais plutôt une démythification de la piraterie et de sa représentation (peut-être même du roman de piraterie, je n'oserais cependant pas trop m'étendre là-dessus car je ne suis pas grand clerc en la matière.) à travers la vision du jeune Hawkins, la voix contrefaite de Flint, et jusqu'à la physionomie mielleuse de Silver...
Un roman donc plaisant à lire, et qui conviendra, selon moi, à tout être semblable à Jim, s'apprêtant à sortir de l'enfance, son insouciance, ses illusions, ses chimères. Le roman se clôt d'ailleurs sur les cauchemars du jeune homme, et peut-être, est-ce un suprême indice quant à la considération de l'aventure, de ces vicissitudes et de la vie ?