Papivore de nature, je m'avoue volontiers de type « poisson exotique », car si j'apprécie la compagnie des humains, je savoure ma solitude, la présence de mes félins ainsi que la vue qui m'est offerte sur mon aquarium par mon canapé.
Grande voyageuse de l'imaginaire, je consacre la majeure partie de mon temps libre à la lecture et à l'écriture. D'ailleurs, mes étagères ne tiennent plus que par la force de l'esprit, et je frémis en songeant que la saison des avalanches va bientôt débuter. Pourvu que ça ne donne pas de mauvaises idées à mes rayonnages
A l'adolescence, l'envie m'est venue de remplir, à mon tour, quelques pages. Je me suis ainsi essayée aux poèmes. Et puis j'ai eu l'occasion de lire (ou plutôt de dévorer) mon premier livre classifié Fantastique. Une enseignante nous avait confié un travail sur Les plumes du corbeau et autres nouvelles cruelles, de Jean-Charles Jehanne. Quel était ce travail, quelle note ai-je obtenue ? Je ne m'en souviens plus et, de toute façon, cela importe peu. Toutefois, je me rappelle parfaitement l'impression ressentie à cette lecture ; une porte venait de s'ouvrir sur un univers encore inconnu mais terriblement fascinant.
J'étais donc mûre pour un pas supplémentaire : la nouvelle. Et, inévitablement, celle-ci était d'inspiration Fantastique. D'autres ont suivi, dont l'une a été primée, ce qui m'a encouragée à poursuivre sur cette voie. Des monceaux de pages plus tard, et un nombre incalculable d'oeuvres inachevées indignes de sortir en pleine lumière, j'ai écrit un roman intitulé La Croix du Néant, ouvrage qui a su séduire les éditions Nuit d'Avril, puisqu'il vient de paraître sous la bannière de cette jeune maison d'édition spécialisée en littérature fantastique et gothique.
Aussi, lorsqu'il rencontre Roman Beltane, un personnage énigmatique qui lui offre sa revanche, Geoffrey n'hésite pas. Il aurait pourtant dû se méfier. Car son étrange ami a bien l'intention de se servir de lui pour accomplir une ancienne malédiction : ouvrir la Croix du Néant, cet objet hors d'âge qui renferme en son centre le moyen de détruire la planète.
Tandis que Roman et Geoffrey commencent à semer la pagaille dans la bourgade, leurs actes malveillants viennent hanter les nuits de Fiora Carini. Mais quel rapport entre les deux conspirateurs et cette jeune florentine ? Avec horreur, Fiora va se découvrir comme la dernière héritière dune famille qui lutte, depuis le XVème siècle, pour empêcher la prophétie de s'accomplir.
Toutefois, cette malédiction familiale n'est qu'un des aspects qui soutiennent le thème central de mon roman : la différence. Geoffrey, condamné depuis toujours à l'exclusion à cause de son embonpoint excessif, Fiora, l'exilée volontaire, qui s'est réfugiée chez sa grand-mère pour guérir de ses blessures. Deux écorchés vifs, deux êtres différents qui puiseront peut-être, dans le combat qui se prépare, la force de continuer à lutter.
Je crois qu'appliquer la loi du Talion na jamais résolu aucun problème, aucun conflit, de manière durable. Pourtant, notre nature est ainsi faite que nous cherchons plus souvent à dominer qu'à concilier. En ce qui me concerne, je pense que nous avons tout à apprendre des différences qui font la richesse de notre humanité. Comme le disait Gandhi : « Notre capacité à atteindre l'unité dans la diversité constituera la beauté et le test de notre civilisation. »
C'est ainsi que j'ai mené à bien un projet dont je suis fière : la chanson Comme toi. L'enthousiasme et la collaboration de diverses bonnes volontés ont permis que ce CD single soit vendu, en 2002, au profit de la Fondation Clair Bois. J'en avais écrit les paroles après ma rencontre avec les jeunes adultes polyhandicapés du foyer de Clair Bois - Pinchat où j'expose régulièrement aux côtés de différents artistes suisses et étrangers.
Ces cinq dernières années m'ont aussi offert l'occasion d'expérimenter l'union des mots et de la matière, puisque plusieurs peintres se sont, à ma demande, inspirés de mes écrits pour réaliser ce que j'ai baptisé des « tableaux-poèmes ». Dernières nées de ce type de collaboration, des planches originales de BD réalisées par un jeune et talentueux dessinateur genevois.
De même, trois de mes textes ont été mis en musique par Guy Courtine, un compositeur valaisan qui compte déjà un CD à son actif. Vous pourrez découvrir ce second disque au début de l'année 2005.
Mais voici que mon chemin me ramène vers les activités liées au livre, ma passion de toujours. C'est ainsi que deux de mes nouvelles paraîtront en décembre 2004, dans les fanzines Éclats de Rêves et Le Calepin Jaune.
Réfractaire aux méthodes pédagogiques traditionnelles, je ne suis pas allée beaucoup plus loin que la scolarité obligatoire. J'occupe, à l'heure actuelle, un poste de secrétaire dans un domaine technique : le bâtiment. Mais mon esprit, constamment en éveil, se plaît à approfondir les sujets qui l'interpellent, l'intéressent ou le stimulent. Et il y en a beaucoup !
Sans compter les recherches liées à l'écriture, puisque mes récits introduisent une part de Fantastique ancrée dans le réel. La Croix du Néant, par exemple, m'a amenée à m'intéresser au contexte historique de la vieille Europe, à l'Inquisition ou à Girolamo Savonarola, pour ne citer qu'eux. Et si les chapitres qui se déroulent aux États-Unis sont purement imaginaires (je n'ai encore jamais mis les pieds Outre-Atlantique), je me suis attachée à décrire ce que j'ai perçu de Florence, une ville avec laquelle je me sens beaucoup d'affinités.
Les informations sur mon site http://misandre.free.fr sont régulièrement mises à jour. Les amateurs pourront y découvrir la liste de ceux d'entre nous qui répondront présents aux différents salons. J'avoue que je suis, pour ma part, vraiment ravie de partager ces moments avec les autres écrivains de Nuit d'Avril, auteurs qui présentent tous, à mon avis, un fort potentiel de talent.
En ce qui me concerne, je vais m'employer à être disponible pour ces quatre dates. En effet, rencontrer le public est toujours un moment intense pour moi, habituée que je suis à oeuvrer dans le calme et la solitude. N'oublions pas que le temps nécessaire à la construction d'un livre n'a plus grand rapport avec celui que l'on consacre à sa lecture. Je trouve donc toujours très intéressant d'avoir un retour sur mon travail à l'occasion de ce type de manifestations.
Les livres nous transportent, nous incitent au voyage, au rêve, à l'évasion, ils sont source de joie ou de consolation, et ils savent parfois atténuer les cahots de nos vies. Nous ne sommes jamais seuls avec un livre dans les mains.
Que votre route soit douce et que cette année 2005 vous apporte beaucoup d'occasions de découvrir de bons ouvrages. D'ailleurs, n'hésitez pas à parcourir le site des Chroniques de l'Imaginaire, vous en trouverez plein à dévorer sans modération.