Les Chroniques de l'Imaginaire

Berserk (Berserk - 6) - Miura, Kentaro

Griffith est désormais un des plus éminents personnages du royaume. Mais sa renommée grandissante attire aussi l'hostilité des puissants, à commencer par le général Julius. Et bientôt, la scène politique devient un terrain de jeu aussi meurtrier que le champ de bataille : décridibilisations publiques, luttes d'influence et tentative d'assassinat, autant de nouvelles menaces pour Griffith et ceux qui l'entourent. Pour Guts et Caska, cest peut-être aussi le signe d'un tournant dans la relation qui les lie à ce formidable personnage.

Une fois encore, Miura confirme son intention de traiter de sujets adultes, voir complètement tabous. Sans vouloir révéler de l'intrigue, disons que ce scénariste et dessinateur de talent met en scène, sous un jour complètement inattendu, le thème de l'engagement moral et des limites de l'amitié. Jusqu'où peut-on aller au nom de celle-ci, peut-on continuer à se prétendre l'ami de quelqu'un lorsqu'on accepte de commettre, pour lui, le moralement inacceptable ?

Les scènes de ce volume, sans forcément faire intervenir le fantastique ou l'horrifique, sont sur le plan psychologique dune violence quasi-insoutenable. Par ailleurs, c'est ici que se produisent certains des évènements les plus importants de l'histoire. Entrée des personnages dans le monde des adultes ou abandon des derniers espoirs de bonheur, chacun évolue à sa façon, s'éloignant plus ou moins consciemment de ceux qui auraient pu être ses amis ou proches. Côté dessin, rien de nouveau, si ce n'est que le rendu de l'action et les décors plus fermés qu'à l'habitude produisent un effet de tension et d'oppression intense.

Riche en suspens, outrepassant les limites du dicible et du représentable, ce sixième opus se place aussi sous le jour de l'érotisme, de la séduction et, à mon avis, de la pédophilie. Toujours aussi surprenant.