Si l'attente du grand bouleversement est la vérité de l'occident, David Calvo l'a bien compris. Plus encore, il a su le mettre en mot, lui donner un corps approprié, celui du récit fragmenté : Acide Organique.
Onze nouvelles, onze récits éclatés, traversés de mélodies rock et de photocopieuses. On y parle existence ratée, corporations révolutionnaires et cour de récréation. Le ton d'écriture y est sombre et transgressif. Certaines histoires sont très opaques et parlent musique rock anglo-saxone ; mieux vaut alors se laisser emporter au fil des mots, suivre la rythmique. Certaines sont à la limite de la science-fiction et du fantastique, sans mordre franchement dedans. Dans tous les cas, le débit y est incantatoire, violent et nerveux.
Allongé dans ma baignoire, j'ai parcouru Acide organique avec le sentiment de pénétrer dans l'existence de David Calvo, au-delà des personnages et au-delà du style très slamming employé. C'est une sensation déroutante, une amorce de dialogue énigmatique entre l'auteur et le lecteur,en écho, finalement, à Trente questions à la Jabule, la nouvelle au centre du recueil. Entre toutes, cette nouvelle est celle qui m'a le plus touché. Nous rentrons alors dans l'univers des mythologies modernes, où la salle de bain et la radio se transforment en icônes immortelles.
Acide organique est une oeuvre qui plaira aux amateurs de Chuck Palahniuk et Murakami Ryû, ainsi qu'aux plus curieux d'entre vous.
