Les Chroniques de l'Imaginaire

Initiation (Initiation - 2) - Kashiwagi, Haruko

Aiura découvre enfin quel secret cache le village de Kebigasawa. Ça aurait pu être les contes de la biroute à la japonaise. Jugez plutôt : Kiitchi Aiura, jeune homme en vadrouille à la recherche de l'épée de sa famille se retrouve coincé dans un village dans les montagnes, dans lequel la liberté sexuelle fait partie du quotidien.

On y pratique des rites d'initiation, les gens qui se plaisent déclarent vouloir "rendre visite" à l'élu(e) de leur libido, ce(tte) dernier(ère) pouvant accepter ou refuser les avances. Bloqué à Kebigasawa, Kiitchi est toujours en pleine confusion. Alors qu'il cherche Sumiko pour s'excuser de sa conduite, il la découvre au lit avec un jeune homme... Kiitchi Airua n'en revient pas ! La ville dans laquelle il se trouve se livre à d'étranges pratiques : les adolescents y sont initiés sexuellement par des adultes, selon un rite de fertilité qui existait dans la région il y a fort longtemps. Il va être le témoin malgré lui de ces étranges pratiques et le village ne sait plus quoi faire car un étranger ne peut pas être mis au courant.

Initiation est une bien étrange série, dont la qualité n'a d'égale que sa bizarrerie. Il ne s'agit pas ici de faire du sexe pour du sexe, ça n'est en tout cas pas un argument de vente. Il s'agit plutôt d'une dédramatisation du sujet : après tout, personne, homme ou femme, à Kebigasawa, n'agit vraiment contre sa volonté. Qu'y a-t-il alors de mal à ce qu'ait lieu l'initiation ? Question de culture et d'éducation. On peut certes ne pas adhérer avec le message, mais il faudrait être bien peu ouvert d'esprit pour crier au scandale. Avec un synopsis pareil, banalisant le sexe au-delà des traditions monogames, on pouvait s'attendre à un tourbillon de stupre et de luxure. Heureusement, il n'en est rien. Avec une sensibilité toute asiatique, l'auteur, une demoiselle s'il vous plaît, nous parle de sexe comme s'il s'agissait de la cueillette de fleurs des champs.

Elle s'amuse à confronter les visions conservatrices du Japon dont vient Kiitchi et la furie sexuelle mise en scène. Des quiproquos en découlent, des incompréhensions et des situations cocasses, donnant un côté vaudeville pas désagréable à l'intrigue Au final, ce tome 2 confirme toutes les attentes que l'on avait pu placer dans ce titre, à savoir de nous apprendre une autre façon de concevoir l'activité sexuelle, loin des présupposés de notre vie en société.