Les Chroniques de l'Imaginaire

A l'est de la vie - Aldiss, Brian

Roy Burnell, fonctionnaire britannique chargé de répertorier les monuments anciens mis à mal par des guerres, commence par se faire voler sa mémoire.

Dans le Caucase, une région du monde où les relations entre les peuples sont aussi accidentées que le relief.

Dix année de sa vie aux mains des trafiquants. Dix années de sa vie où le personnel et le professionnel s'entremêlent, intéressant différents trafiquants. D'un côté ses connaissances historiques et artistique, de l'autre sa vie sentimentale. Le tout disparaît brutalement.

Burnell s'enfonce à la recherche de ses souvenirs perdus dans la tourmente de guerres aussi absurdes qu'éternelles entre des peuples qui ont trop de mémoire.

Retrouver ses souvenirs à travers des pays qui ont apparemment perdu la raison n'est pas de tout repos, Burnell va s'en rendre compte très vite.

Un livre tourbillon où tout s'emmêle. D'un côté un homme qui n'a plus la mémoire de ses dix dernières années, de l'autre un monde devenu fou, des relations politiques tendues, et au milieu de cela les oeuvres d'art que Burnell est chargé de répertorier et de protéger.Un livre basé sur les rencontres, la diversité, l'horreur parfois, mais où domine un sentiment d'exaltation profonde. Car tous ont un but. Différent, certes, mais chacun des protagonistes est prêt à tout pour arriver à ses fins, y compris voler, tuer, piller, massacrer.

D'un naturel assez méfiant envers la SF pure et dure (les space opéra par exemple me laissent complétement froide) j'ai abordé ce livre du bout des yeux. Un possible futur ? Un avenir incertain ? Soit. Lisons le. Des contraintes extérieures ont fait que je l'ai lu par petit bout, mais chaque fois je suis retombée dans l'histoire, comme si je n'avais jamais fait de pause.

Je ne dirais pas que je suis devenue une fan inconditionnelle de ce livre, mais le fait est qu'il est très bien écrit, l'auteur mêlant avec bonheur le suspense, l'anticipation et des traits d'humour. Les situations décrites nous font réfléchir sur le devenir de l'humanité, la partie riche dominant le monde sans complexe, tandis que les pays de l'Est, marqué par un lourd passé communiste, se débrouillent comme il peuvent, entre magouilles politiques, grand banditisme et un train de vie assez minable.

Les personnages sont très crédibles, flirtant tout de même parfois avec la caricature, mais cohérents dans l'ensemble. On se prend à sourire devant les magouilles et les marchandages de certains, ce qui ôte une partie un peu oppressante de la réflexion qui nous est proposée en filigrane : "Et si on me volait ma mémoire, comment je réagirais ?"