Tendresse, droiture, raison. Luxure, goût du vice, folie. Désir de l'autre. Appétit insatiable de chairs et d'âmes. La tragédie horrifique, comme nous l'apprend Miura, consiste à poser quelques jalons de sentiments nobles, puis à laisser les vaincus de la course à la réussite ouvrir les vannes au chaos des pulsions les plus dégénérées. L'homme (Griffith, Guts) résiste, face à la bête, mais il sait le terme inévitable de son combat, connait d'avance la vanité de ses efforts.
De même, la fine membrane qui préservait le monde des hommes des créatures ténébreuses se rompt. Une rupture irréversible, dont Griffith, habité par le désespoir et la rancune est sans doute le maitre d'oeuvre inconscient. Caska, Guts et toute la troupe du faucon, se trouvent ainsi condamnés par celui-là même qu'ils s'efforcent de sauver.
Innocents des abîmes qui habitent l'âme de Griffith, ils se masquent l'inexorable, rêvent d'un nouvel âge d'or pour la troupe et oublient de regarder son vrai visage, révélé par le tortionnaire, dévoilé par l'abandon de la beauté. Mais sans atours, l'homme est un monstre de laideur, à qui il ne reste plus que les voies de l'innommable et de l'impie pour assouvir ses désirs sans bornes.
Berserk, un manga à la morale cruelle, semblable à l'éclat du diamant : inexorable, inhumain et beau.
Cette page est une version simplifiée pour les robots. Pour profiter d'une version humaine plus conviviale, cliquez ici.
