La fiancée du Dieu-Rat est un polar fantastique à la narration classique et vivante. On y suit une star de cinéma muet promise malgré elle à un démon échappé de la cité interdite. Bien mené, il s'agit avant tout d'un récit distrayant, où balancent avec rythme humour et suspens. Les personnages y sont forts attachants et apportent chacun leur lot d'histoires secondaires qui viennent judicieusement étoffer la trame principale.
C'est aussi un exercice de mise en scène virtuose avec l'air de pas y toucher : véritable tourbillon de fanfreluches, boas et autres paillettes, le microcosme d'artistes et de producteurs dépeint par Barbara Hambly respire cette mélancolie typique des années 30, indissociable mélange de vitalité et d'ennui.
Pour autant, la dimension rétrospective du roman ne s'oublie jamais dans l'exercice de reconstitution. Le style descriptif de l'auteur rappelle sans cesse, par la distance qu'il instaure entre l'évènement et sa retranscription, l'écart qui nous sépare à jamais de cet âge d'or passé.
Écart temporel et historique pour une époque semblable à l'enfance de notre siècle, et donc irrécupérable. Écart fictionnel pour un univers recomposé et mystifié, manifesté par l'usage d'éléments fantastiques, et donc fantasmé.
Une belle oeuvre populaire, accessible et vivifiante.
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