Cochet, Florence
Ceridan : Bonjour Florence. Commençons par les présentations : Tu t'appelles Florence Cochet, tu habites Genève, ce qui fait de toi un membre de cette espèce rare que sont les auteurs suisse-romands. Jeune auteur, tu as bientôt 30 ans, mais aussi jeune maman, vu qu'un petit garçon est né il y a quelques mois. Tu as publié, l'automne passé, ton premier roman : La Prophétie d'Ashen-Shâ (paru aux Editions Bénévent et chroniqué sur ce site), un roman d'aventures dans un monde de fantasy. J'ai oublié quelque chose ?
Florence Cochet : Non, c'est un bon résumé
C : A quel âge as-tu commencé à écrire et qu'est-ce qui t'a motivée à l'époque ?
FC : J'ai commencé, il me semble, vers l'âge de dix ans. Je suppose que j'avais besoin d'exprimer mon mal-être face au décès de mon père.
C : T'es-tu toujours dit que tu voulais devenir écrivaine ?
FC : Non... En fait, j'écrivais essentiellement des poèmes. Après l'adolescence, j'ai commencé des textes plus longs, que je ne terminais généralement pas. Je n'ai jamais été une adepte des nouvelles. Puis, en 2002, je me suis lancée dans l'aventure du roman, aiguillonnée par ma plus proche amie, Fleur.
C : Une aventure entre deux amies, donc un peu comme dans ton histoire. Penses-tu qu'on retrouve ainsi beaucoup de toi derrière ton roman ?
FC : Je dirais que l'une des héroïnes a mon caractère
C : Ton roman, La Prophétie d'Ashen-Shâ, fait plus de 500 pages, et l'histoire n'est pas terminée. Tu y décris de très nombreux lieux, des personnages, des races, des tribus différentes avec leurs clans, leur histoire, leur vocabulaire même. N'était-ce pas un parti risqué de voir si grand et si complexe pour un premier roman ? Cela ne t'a-t-il jamais découragée ?
FC : Je n'ai pris aucun pari, je l'avoue, et je ne savais pas, au début, que le roman serait aussi long. J'ignore si tous les écrivains vivent la même chose, mais je me suis laissée embarquer dans mon univers. Les lieux et leurs habitants se sont parfois imposés d'eux même. Le meilleur exemple est le passage à Vassorah. Je savais que les héroïnes, Xanthe et Leeca, devaient y faire étape pour embarquer le lendemain. Ensuite, au fil des mots, les personnages de Sendarel et d'Ellistra sont nés et les jeunes femmes sont parties en chasse. Le lendemain, elles ont bel et bien embarqué... et moi j'avais écrit bien plus que je ne le pensais.
C : Quelle a été ta plus grosse difficulté lors de l'écriture de ce roman ? Le passage du livre qui t'a donné le plus de fil à retordre ?
FC : La plus grosse difficulté a été le début du roman : comment faire passer des personnages de notre monde à un univers de fantasy Comment gérer la langue, les objets « modernes » qu'elles emmènent avec elles, leurs réactions en saisissant qu'elles sont « ailleurs », la gestion des confrontations avec l'inconnu, les créatures étranges.
C : Justement, cette idée de faire passer deux jeunes femmes de « notre monde » dans un monde de fantasy, retrouve-t-on là le reflet d'un fantasme personnel ou un simple artifice scénaristique ?
FC : Devine... (sourire)
C : Quels sont les auteurs qui t'ont marquée et ont le plus influencé ton écriture ?
FC : En fantasy, mes auteurs favoris sont Marion Zimmer Bradley, Mercedes Lackey et David Eddings. Pour un style plus "mixte", Anne McCaffrey. Sans le vouloir, je suppose que tout ce que j'ai lu m'a influencée, de même que les jeux de rôle. J'ai été, il y a quelques années, une rôliste intensive, et l'univers de Donjons et Dragons m'a marquée...
C : Ecrire de la fantasy s'est imposé naturellement pour toi ?
FC : Oui. Fleur et moi inventions des histoires qui se déroulaient dans des mondes tous plus étranges les uns que les autres. La Prophétie en est un condensé.
C : Où en es-tu de tes projets d'écritures ? Jusqu'à quand devrons-nous ronger notre frein avant de connaître la fin des aventures de Xanthe et Leeca ?
FC : Je termine la correction d'un roman de style fantastique et j'entamerai ensuite, si tout va bien, la suite de la Prophétie (le scénario est déjà prêt). Cependant, avant de la lire, il faudra encore qu'elle soit publiée, car je ne recommencerai pas l'aventure du compte mixte.
C : Du fantastique, intéressant. On en trouvait déjà des éléments dans ton premier roman (les vampires, la présence du monde « réel », etc.). Comptes-tu continuer d'écrire dans les deux genres ou te sens-tu plus attachée à l'un ou à lautre ?
FC : J'ai un faible pour la fantasy, je l'avoue, mais j'avais envie d'essayer autre chose, tout en restant dans les littératures de l'imaginaire. Je pense continuer dans les deux styles. Sans savoir encore lequel prédominera.
C : Tu as choisi d'écrire autre chose avant de terminer ton histoire par besoin de recul par rapport à cet univers, t'en éloigner pour mieux t'y replonger ? Ou était-ce plutôt dans l'idée d'attendre les échos de ce premier opus avant de te lancer dans la suite ?
FC : La seconde proposition est la bonne. Je n'avais pas envie de me lancer dans un second opus avant d'avoir un feed-back. À présent, je peux y songer.
C : Les éditions Bénévent ont-elles accepté facilement de publier ton roman ?
FC : Très facilement et rapidement. Pratiquant le compte mixte, elles ne refusent que peu d'ouvrages.
C : Pour finir, un petit conseil à donner à ceux qui écrivent et cherchent eux aussi à publier leur premier roman ?
FC : Je leur dirais d'avoir beaucoup de persévérance et de n'accepter que les contrats à compte d'éditeur.