Voici venu le temps de l'Occultation !!! Le jour tant attendu où la Main de Dieu deviendra enfin complète, où les quatre seigneurs démons descendront sur Terre pour élire entre les hommes l'un des leurs. Place à l'horreur, place au banquet démoniaque, au festin des corps et des âmes !
Lorsqu'il s'agit d'une oeuvre maîtresse de la BD ou du manga, chaque nouveau volume ajouté a valeur d'élément-clef. Dans le cas de Berserk, la chose est particulièrement vraie. Les évènements annoncés depuis le 1er volume viennent enfin, les derniers pans du rideau dramatique s'abaissent, et voici que se nouent les derniers fils du destin de Guts et Griffith, que s'appose le sceau de la damnation sur leur ancienne (?) amitié.
"Je les offre en sacrifice". Paroles terribles, mais non moins terrible le dessin, cauchemardesque, plus horrifique et terrifiant que la plus sombre toile de Giger. On sent plus que jamais l'érudition de Miura en matière d'iconographie démoniaque. Et quant à la portée existentielle des évènements, que dire, si ce n'est que l'auteur connaît parfaitement l'essence des rêves, des espoirs qui poussent les hommes à continuer, lesquels contiennent pourtant dans leur principe les conditions même de l'échec.
La fable est terrible, donc. Elle se savoure comme une absinthe, une cigüe, elle nous met face à l'inéluctabilité. Celle de la mort, celle de la perte des êtres qui nous sont chers. Elle révèle le versant caché de cette soif (d'honneurs, de richesses, de plaisirs et de pouvoirs) qui anime les hommes. Elle donne une image, une forme à la Bête, à cette tyrannie inavouable, par laquelle l'homme oscille dans une dangereuse équivoque entre la noblesse et la cruauté, la sensibilité et le goût du lucre, le courage et la sauvagerie.
Berserk est une oeuvre universelle travestie en vraie-fausse éloge du gore.
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