Mettez-vous bien ça dans le crâne : tome 13 = scène d'apothéose. L'équation est simple, il s'agit ni plus ni moins de l'aboutissement de toute la première partie de la série. Un volume sans compromis, à la limite du tolérable, déluge rouge sang et noir désespoir.
Apprendre à faire ses adieux, pari impossible quant l'attachement est là. Coupez, mordez, déchirez, on ne lâche pas comme ça la troupe du faucon, il faut y perdre un oeil, un bras tout au moins. Miura sort donc la scie de la boîte à outils, et nous refait le coup du massacre sale et crasseux, histoire de bien vous faire comprendre que pour être finie, la troupe du faucon est bien finie. Pareille radicalité relève presque de la cruauté : comment peut-on faire ça à ses propres personnages ? Comment peut-on les salir à ce point, les uns après les autres, et cela en les regardant droit dans les yeux, le crayon affûté pour les raturer à jamais de la page ?
Comme animé d'une grâce cruelle, Miura opère le sacrifice de la troupe du faucon, la livre en pâture aux innombrables créatures de son bestiaire. Et par un éclat de génie, ce geste parvient à transcender le climat amorcé dans le volume 12. Tragédie et gore n'y forment plus qu'un seul objet, une machine à broyer les destins à la beauté insolite.
Articulation-charnier, un volume qui remet les pendules à l'heure, actualisation d'un destin en attente depuis les premiers numéros, et qui trouve ici sa réalisation.
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