La boucle est bouclée. Après une formidable retrospective sous le signe du faucon, nous voici sur le point de rejoindre le point de départ du roman. Guts est désormais devenu ce qu'il devait être : le berserker borgne tatoué de la marque des damnés. Sauvé du charnier par son alter-ego au casque-crâne, l'éternel rival de Griffith a désormais la plus belle partie de son existence derrière lui. Droit devant, rien ne l'attend plus désormais, la troupe du faucon ayant été décimée, exceptée une caska devenue démente. Réflexe d'animal traqué, Guts reprend alors le chemin pour lequel son mentor l'avait dressé : le chemin de la vengeance, escalade dans le gore et la violence.
Baroque par définition, la seconde partie de cette sombre one-man-saga propulse son héros dans une quête absurde et sans compromis. Sans autre carburant que sa propre haine, Guts n'est plus à la recherche d'un destin. La causalité s'est abattue sur lui. Le formidable guerrier s'est affranchi de la trame narrative qui le déterminait dès le début à devenir l'offrande d'un dieu noir, mais ce n'est que pour mieux rejoindre le fil intitial du récit.
Miura est bien l'un des plus grands mangaka contemporain. Exploitant à la perfection un fond narratif inépuisable, il démontre la possibilité de porter une histoire au-delà de son point d'orgue sans perdre en vitalité. Un quatorzième volume à la crudité d'une beauté fulgurante. En bonus (l'occasion de montrer à quel point un auteur peut progresser), la première version de Berserk est présentée à la fin du volume.
Coup de gueule à Glénat cependant, le volume que nous avons eu entre les mains étant complètement rogné sur les hauts de page, de telle sorte que la première ligne des dialogues était systématiquement illisible.
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