Elvis doit son nom à sa mère qui adule le chanteur américain. On pourrait donc supposer qu'elle l'aime beaucoup, son petit garçon de neuf ans. Et pourtant non. Non seulement son père boit et le bat quand il ne bat pas sa femme, bien entendu, mais sa mère aussi, et Elvis a déjà été placé en famille d'accueil pour cause de négligence et maltraitances. Quand ses parents se disputent, ils l'enferment dans le placard. Sa mère vient même de lui dire que s'il pleure, elle ira chercher la méchante sorcière qui habite au bout de la rue pour qu'elle le mange. Elvis, bien sûr, est persuadé que les disputes de ses parents sont de sa faute, alors il pleure. Mais, dans son placard, juste à l'instant, il a une idée : et si c'était lui qui tuait la méchante sorcière ? Elle ne pourrait plus manger les enfants !
La rencontre, dans son placard, avec Lord Rat-Blay, un érudit Rat de Bibliothèque, va le décider à partir à l'aventure. En chemin, Elvis et Rat-Blay feront des rencontres, monsieur Coupe-Patate, l'ancien gérant du petit cinéma où Elvis avait passé la meilleure journée de sa vie, Charly le chat pistoléro, des trolls déguisés, des citrouilles anthropophages, et même Bill Cosby. Mais au final, Elvis parviendra, au bout de la Rue du Masque, dans l'antre de la sorcière et il affrontera ses démons. Mais comment tuer une sorcière quant on n'est qu'un petit garçon effrayé ?
Ce court roman, plutôt une novella, est écrit avec un style simple et pur à la fois, très imagé et empli de clins d'oeil ironique parfois plus compréhensibles pour des adultes que pour des enfants. Pourtant, les jeunes lecteurs y trouveront tous les ingrédients de la quête héroïque dans notre univers, ainsi que plusieurs morales exprimées avec délicatesse et sans prétention.
La vie triste de ce garçonnet malheureux, mal-aimé et maltraité ne s'embellit pas brusquement à la fin, le Happy End comporte lui aussi quelques notes grinçantes, mais le lecteur verra quand même la récompense de l'aventure d'Elvis.
À plusieurs reprises, l'auteur insère dans son texte des extraits de chansons, allant d'Elvis Presley, forcément, à Nirvana en passant par Lou Reed et bien d'autres. Ces citations, permettant aux plus jeunes de découvrir des musiciens modernes, feront également sourire les adultes par leur correspondance au texte. Mon seul regret est justement la mauvaise qualité des traductions des paroles de chansons, proposées en notes de bas de page, et qui tranchent désagréablement avec la qualité littéraire du reste.
À noter, pour ceux désireux d'en apprendre d'avantage sur la genèse de ce joli conte, l'inspiration de l'auteur et ses différentes parutions, il y a le site : http://perso.orange.fr/EnfantDuPlacard/, où vous pourrez tout apprendre sur Michael Moslonka et l'Enfant du Placard...