Automne 997. Période moyenâgeuse où la religion et les croyances populaires sont chamboulées par l'optique du passage au nouveau millénaire. C'est sur une véritable boucherie que démarre cette série, par le massacre d'une dame de sang royal, de l'héritier de la couronne de France et de toute leur escorte, commandité par un mystérieux personnage encagoulé...
La scène insoutenable est découverte par Raedwald, trafiquant de saintes reliques de son état, et de son débonnaire compagnon Arnulf, bagarreur et fétard. Ces derniers retrouvent un malheureux survivant brûlé vif et dans l'incapacité de parler. Leur but sera d'amener le malheureux jusqu'aux reliques de St-Polycarpe, connues pour guérir les brûlures miraculeusement.
Malheureusement, les saintes reliques ont perdu leur pouvoir : un sacrilège a eu lieu dans le monastère, et le moine réputé comme le plus méritoire est retrouvé brûlé vif... St-Polycarpe est en colère, et seule la résolution du sacrilège commis dans l'abbaye pourra rendre leur pouvoir aux reliques, et confondre les auteurs et responsables de l'abjecte première scène.
Sur les premières planches de la série, on est frappé par la beauté et la précision des dessins, et surtout par la violence qui allait de pair avec l'époque : massacres, viols collectifs, assassinats, décapitations : tout y passe ! On pense même se trouver devant une histoire tirée de l'Histoire (utilisation de noms réels comme celui d'Hugues Capet : à vos vieux cours d'Histoire !). Ce n'est que lorsque le récit se tourne vers le surnaturel (reliques guérisseuses, mais aussi monstres imaginaires : jetez donc un oeil sur la superbe goule sarrasine d'Arnaud le borgne page 21 : une superbe créature !) que l'on se rend compte que la série peut être classée dans la catégorie fantastique historique... La goule en question fera d'ailleurs l'objet du massacre final de ce tome 1, en opposition avec la première scène.
Les dialogues et attitudes des personnages, la variété des endroits visités, le mélange du réel et du fantastique sont autant d'ingrédients qui rendent le scénario vraiment béton : c'est très bien fait et très bien ficelé : la BD, avec 56 pages au lieu des traditionnelles 48, est assez longue à lire. Il faut vraiment rester concentré durant la lecture si vous ne voulez pas perdre le fil : c'est à ce prix que vous vous rendrez compte du monument de travail que vous tenez entre les mains : vivement la suite !