Les Chroniques de l'Imaginaire

Faux pas (Malone - 1) - Rio, Michel & Rovero, Pierpaolo

Une petite bourgade en apparence tranquille, un homme seul arrive en voiture, se gare, repère les lieux et furtivement, prudemment, discrètement, pénètre dans une maison. L'homme est un expert : il prend ses marques, tombe sur une lettre s'adressant à une femme et parlant d'un « Mr X », s'installe confortablement devant un bouquin, et, déjà prêt à agir, attend fermement sa victime.

Mais l'homme n'est pas un tueur ordinaire, nerveux et impulsif : non. Nous avons affaire à un homme cultivé, calculateur, d'une efficacité et d'une répartie implacable. La « victime » en question s'avère être un journaliste, Monsieur Brémont, sur le point de faire tomber au péril de sa vie et de la vie des siens un gros caïd local : Alberti.

Ce dernier a toute une armée d'hommes de main et, ayant eu vent des affaires journalistiques le concernant, a passé un contrat avec le tueur afin d'éliminer toute trace de ce qui le compromet : celui-ci a accepté, en sachant très bien qu'Alberti chercherait également à l'éliminer

Mais le contrat est juteux, et lorsque la vie ne vaut plus rien, pourquoi ne pas vivre à la limite entre la vie et la mort ? Le tueur propose ainsi à Brémont, en échange d'une simple photo de sa femme et de sa fille, d'éliminer Alberti, avant d'éliminer Brémont et les hommes de main d'Alberti : la mise en scène devient tout à fait possible, et un contrat est un contrat

Mr X, Xavier Merleau en fait, connaît l'endroit où se trouve la famille de Brémont, et le dossier compromettant. C'est à tout ce petit monde que va s'intéresser l'assassin de près, après avoir honoré son contrat avec Brémont et descendu de façon très professionnelle et très impressionnante Alberti et sa petite armée

Ce tome 1 est de très bonne facture : il se passe énormément de choses au niveau scénaristique : justement, ici, sachez que tout repose sur le scénario : amateurs de dessins explosifs et de décors détaillés, passez votre chemin ! Le dessin se réduit à son strict minimum, ce qui renforce justement le scénario et met l'accent sur le côté austère du tueur. Cette BD réussit justement le tour de force de nous amener à son final sans problème, avec un dessin loin d'être beau. Non accrocheur, mais non dénué de force : on na pas un seul dialogue avant la septième planche, et on suit Malone dans ses repérages comme si on regardait un film