Les Chroniques de l'Imaginaire

Solaris (Solaris - 162)

La communication avec un ailleurs qui peut prendre la forme de l'au-delà est le point commun des nouvelles qui ouvrent ce numéro de printemps. Dans Nadia et la rencontre, de Eric Gauthier, texte finaliste du prix Solaris 2006, "quelque chose" s'insinue dans la trame même de notre monde, par le moindre interstice, et par l'intermédiaire d'un ambitieux qui s'ignore. Dans Le luthier, de Mathieu Fortin, une guitare joue les Stormbringer d'un couple proprement infernal. Dans l'excellente Le neuvième convive, de Cédric Chaillol, on comprend combien Dieu peut souffrir de devoir faire appel aux mains d'un autre, de plus ou moins bonne volonté, pour assurer ses basses besognes de relations publiques. Quant à la superbement onirique Le Shérif au bout du monde, de Raymond Dumoulin, elle présente une communauté d'individus cherchant encore l'accomplissement après leur mort. Vraiment un texte très original, le plus marquant de ce recueil. Dans La solitude des dieux, de Jean-Louis Trudel, également finaliste du Prix Solaris 2006, on acquiert des lumières sur un walhalla égyptien où les dieux ne sont pas ce qu'on croyait.

Les nombreux fans de Moorcock liront avec plaisir l'article critique que Jérôme Olivier Allard consacre au Cycle d'Elric à l'occasion de l'édition complète des aventures de ce héros célèbre (et de sa tout aussi célèbre épée Stormbringer) chez Omnibus.

Mario Tessier, dans ses recherches toujours aussi loufoques que savantes, s'est intéressé ce trimestre aux micro-nations, que celles-ci existent dans le monde que nous connaissons (de l'Etat du Vatican à la République de Malte) ou dans le monde virtuel, telle que l'Empire d'Atlantium. Comme toujours, son article fort documenté est truffé d'adresses Internet, où en l'occurrence on pourra se renseigner davantage, voire se procurer timbres ou monnaies.

A côté de ces articles de fond, d'ailleurs complétés par un article de Sam Lermite sur David Calvo, uniquement disponible sur le web à l'adresse www.revue-solaris.com, on lira avec profit les critiques de derniers romans parus, ou d'une biographie de James Tiptree Jr, malheureusement réservée pour l'instant aux anglophones.

En somme, un numéro très intéressant de la revue québécoise.