Sam est perturbé par la mort de son oncle dont il était très proche. Ce dernier, homme d'église convaincu, se serait donné la mort, ce qui paraît incompatible avec ses croyances et convictions. Pourtant, après l'annonce de son décès, les témoignages affluent, corroborant l'étrangeté de son comportement depuis quelques temps. Sam s'ouvre de son chagrin et de son incompréhension à ses amis afin de trouver un soutien moral. Devant l'épaisseur du mystère, il prend la décision d'aller visiter une dernière fois la maison qu'occupait Nathaniel ainsi que le trésor qu'elle renferme en son coeur : la bibliothèque, source de savoir inépuisable dans laquelle il a passé un temps infini. Cependant lors de ce pèlerinage, il va faire la connaissance de la créature démoniaque tapie dans le grenier qui l'attend avec la ferme intention de prendre possession de son âme.
Ce conte gothico-fantastique met en scène ce que l'on pourrait aisément qualifier de top models. On trouve Léa, jeune personne extrêmement séduisante qui joue de son charme par facilité afin de parvenir à ses fins, Marianne, sorte de beauté blonde et fragile, amoindrie par l'accident de Sam, Joshua, l'étudiant en droit, suivant le versant psychologique de son cursus ainsi que Yann passionné d'escrime, et Franck, étudiant en histoire médiévale dont les loisirs sont les jeux de rôle grandeur nature et les romans de fantasy. Ces deux derniers protagonistes sont certes séduisants mais possèdent surtout des physiques hors norme. Enfin, il y a Sam, écrivain réfugié dans un monde féerique afin de fuir la réalité trop cruelle de notre monde. Il se sent incompris et préfère vivre dans un univers imaginaire.
Le problème majeur de ce roman est que tous ces personnages sont cloisonnés dans des rôles on ne peut plus stéréotypés : la succube, la victime, l'incrédule, le preux chevalier et le guerrier viking. Le dernier, Sam, incarnant la personne mal dans sa peau dont un esprit malfaisant n'aura aucun mal à s'emparer en lui faisant miroiter une vie meilleure dans un lieu qui le satisfera. Par ailleurs, pour toute personne possédant ne serait-ce qu'une once de féminisme, se trouver face au énième cas de possession démoniaque dont la victime se transforme en nymphomane prête en enlever sa culotte au moindre prétexte à de quoi faire se hérisser les poils. Il est parfois utile de rappeler que même une jeune fille symbolisant la féminité et la sensualité peut faire preuve de jugeote et se départir de sa jupe et de ses talons lors de la visite d'une maison par effraction ! L'environnement lui-même apparaît comme caricatural puisque les personnages impliqués sont des fondus de jeux de rôles, d'univers fantaisistes et de mythologie scandinave. Les références littéraires sont Dick ou bien Gemmell, la toile de fond musicale du rock ou hard-rock tel AC/DC entre autres. Au passage, s'il est sympathique de rendre un hommage à l'auteur de Légende trop tôt disparu, il serait salutaire de ne pas écorcher l'orthographe de son nom ! (voir p 106). Le cliché des nouveaux Peter Pan vivants dans un monde féerique pour oublier la dureté et la laideur de la triste réalité quotidienne est exagérément grossi. Par ailleurs, la volonté de ne pas devenir adulte est traduite par l'âge des protagonistes, qui tourne en moyenne autour de vingt-cinq ans, et leur statut d'étudiant. On évolue dans une sphère fortement connotée, les aficionados trouveront leurs marques sans problème, les autres resteront sur le bas-côté. En résumé, ce roman qui réunit un bon nombre de critères reflétant une ambiance médiévale : romantisme, amour courtois, musique gothique etc. allie un manque d'originalité, un style banal et des idées confuses, ceci pour un résultat plutôt médiocre.