De bien intéressantes nouvelles dans ce dernier numéro, à commencer par celle qui a reçu le prix Solaris 2007 Au plus petit café du monde, de Hugues Morin, dont l'appartenance au genre SF n'apparaît, avec une brillante mise en abyme, que peu avant la fin.
Une ligne à suivre, de Simon Charles, est, elle, plus orientée vers le fantastique, évoquant la solitude du chasseur de vampires.
Le Rétif, de David Dorais, peut-être la nouvelle la plus originale de ce numéro, hésite pour le plus grand plaisir du lecteur entre SF et fantastique, et ne s'oublie pas facilement.
Pas de deux, d'Elisabeth Vonarburg, que l'on pourrait sans doute rattacher à son cycle lâche des Voyageurs, évoque les thèmes de l'image de soi et de l'identité, du "destin" et de son inéluctabilité, et de ce qu'on recherche chez "l'autre". Mais quel "autre" ? Tout ça en trois pages très représentatives de l'auteur, qui font regretter qu'elle publie si peu de nouvelles.
Le rêve de Jessica, de Vincent Saint-Aubin Emard, malgré quelques longueurs et une construction un peu trop systématique, développe des idées si intéressantes qu'on aurait bien envie de lire d'autres textes.
Enfin, comme La traversée, de Claude Bolduc, évocation onirique de la vie humaine telle qu'elle se vit de nos jours, Le joueur de l'ombre, de Lionel Davoust n'a presque rien de la littérature de genre mais décrit avec une grande finesse psychologique les hésitations d'un ancien joueur d'échecs international gravement malade, entre la vie et la mort. Une autre nouvelle difficile à oublier.
Le texte de Geoff Ryman, entre iconoclasme, sévérité et sourire tire à boulets rouges sur une certaine "SF de masse" tout en appelant de tous ses voeux un rapprochement entre science et SF, et une évolution du genre vers une maturité plus grande. Que l'on soit d'accord ou pas avec ses propos, ils sont réjouissants à lire, et fort intéressants.
L'article de Mario Tessier rappellera maints souvenirs aux anciens lecteurs du genre, puisqu'il analyse la SF de l'âge d'or (principalement) sous l'angle de la SF vue comme "une littérature de la transcendance".
Et encore un "carnet des sorties" très à jour et bien rempli, et des chroniques de lecture qui donnent très envie de lire les livres en question, même quand ce ne sont pas des romans, comme La Science Fiction - Lecture et poétique d'un genre littéraire, d'Irène Langlet, qui semble fort intéressant.
Et pour ceux à qui ces copieuses 160 pages n'auraient pas suffi, il y en a encore à l'adresse www.revue-solaris.com !