Percival et Lohann sont deux amis aventuriers qui viennent d'occire des ennemis et doivent apporter un trésor à une magicienne, puis le conduire à la cité de Nektom. Enfin ça c'est pour la galerie, parce qu'en réalité, ces deux là sont des joueurs de Jeux de rôle Grandeur nature. Cédric Lemelec vit dans le sud de la France, quand à Ryan Debourg lui est de la région parisienne. Malgré cet éloignement, ces deux amis se voient souvent pour se parler de leurs passions communes. Pour la première fois, Ryan a invité son ami Cédric à le rejoindre dans un GN organisé en Normandie. Pourtant, lorsqu'ils voient apparaître devant eux une créature étrange et tentaculaire, qui parle d'une voix profonde, caverneuse et sans même remuer les lèvres d'une langue inconnue, ils auraient dû se méfier.
S'approchant avec circonspection, ils se font néanmoins capturer par le Namla. Celui-ci était prêt à leur retirer les esprits du roi mais le temps manquait, alors il fallait revenir... avec eux. Sauf qu'il y a un un problème dans ce qu'avait prévu Foronar, le Sage des Namlaë. En effet, le futur Vigilant Firlin, élève brillant mais indiscipliné, a cru bon de protéger la tour d'éventuelles attaques du malin pendant que les sages étaient en transe... et sans le vouloir, Firlin a détourné les esprits qui revenaient d'un autre monde, tuant à coup sûr son porteur, Foronar. Seimag, son fils et frère de Numor le banni l'envoie donc en mission récupérer les deux hommes et les apporter à la Tour.
Cependant Cédric et Ryan, armés à peine de leurs jouets en latex n'allaient pas en mener large face à des créatures à face de rats qui veulent leur en découdre. Ils ne devront la vie sauve qu'avec l'intervention d'autochtones qui les gardent prisonniers, après leur avoir changé de vêtements cependant (vu que les costumes de GN n'étaient pas vraiment adaptés au climat hivernal). Bientôt ils doivent partir pour un autre lieu, à travers une tempête de neige terrible. Etrangement ils ont la force d'aller de l'avant, et même de porter des enfants dans leur périple jusqu'à la place forte et secrète du peuple des Ordanor, Rochforte. Là, prisonniers sans véritablement l'être, ils apprendront la langue un peu trop facilement, de même que l'adresse à l'épée ou à l'arc. Plus étrange encore, ils se découvrent la faculté de se parler par télépathie... et qu'une autre voix se mêle à la leur parfois.
Certes, le sujet du Multivers n'est pas nouveau, traité par des auteurs comme Stephen Donaldson, Roger Zelazny ou bien évidemment Mickaël Moorcock. Donc deux Terriens arrivant dans un monde de type médiéval fantastique ce n'est pas de l'inédit. Possible, mais tout comme on s'interroge encore sur l'héritage de Tolkien donné aux écrivains de fantasy moderne (je me réfère au dernier festival Trolls & Légendes de Mons en Belgique), pourquoi faudrait-il aussi tout renier ? Il est tout à fait logique que des codes de la fantasy se retrouvent (un peu ce qu'expliquait David Eddings en introduction de son Codex de Riva d'ailleurs). Mais bon je m'écarte. Si Norânaë est issu de la pensée de ses auteurs et sans doute influencés par leurs prédécesseurs précédemment nommés, qu'a-t-il pour lui ? L'esprit du roi Nil'Koran en est un exemple. Divisé en trois partie selon une prophétie. Leurs magiciens, les Namlaë qui ne sont pas humains de même que d'apparence, et donc finalement on ne sait pas grand chose au début et qui se sont coupés du monde, reclus dans leur tour, pour une raison que les habitants des Terres émergées pensent connaître. Un grand roi, Nil'Nalan qui a quelques points en commun avec Aragorn de Tolkien : il est seigneur d'à peu près toutes les terres libres, comme Aragorn doit le devenir, il est éclaireur tout comme son homologue est rôdeur et leur charisme est exceptionnel. Nil'Nalan ne se cache pas de connaître Seimag le Namla alors qu'en principe aucun Namlaë ne s'aventure hors de la tour.
Quant aux deux Terriens, la façon dont les auteurs les font réagir peut étonner : ils ne sont pas très peureux face à tant de nouveautés, Cédric a un caractère blagueur incessant (parfois même lourd), et Ryan est tellement absorbé par ce monde qu'il découvre qu'il n'a plus vraiment son sens commun. Peut-on l'expliquer par la présence de l'esprit du roi ? Honnêtement je n'en sais rien. Néanmoins on se plaît à suivre leurs errances, d'abord en devinant à l'avance les rebondissements du scénario, jusqu'à ce qu'on arrive vers le dernier tiers du livre. Là se passe un vrai changement et du coup la lecture devient plus aisée pour assister à la fin de la bataille et ses conséquences.
Donc dans l'ensemble ce livre m'a bien plu, même si je sais pertinemment qu'il ne plaira pas à tout le monde. Je dis néanmoins qu'il s'agit là d'un divertissement intéressant pour, par exemple, faire découvrir la fantasy à des jeunes ou moins jeunes. A poursuivre dans Se'Noran, deuxième tome des Mondes Mêlés.