Brasey, Edouard
Hanako : Etude politique, maîtrise en droit privé, école supérieure des Sciences Economiques et Commerciales, études cinématographiques, vous vous orientez ensuite vers le journalisme. Votre parcours ne semblait pas diriger vos pas vers l'écriture pour le monde de la féerie. Alors qu'est-ce qui a déclenché votre passion ?
Edouard Brasey : eh bien, j'ai toujours souhaité écrire, devenir écrivain, romancier. Mais il n'y a pas d'études pour devenir écrivain, alors je me suis occupé en faisant des études plutôt généralistes. Quant au journalisme, c'était une façon de gagner ma vie en écrivant. J'y ai appris la concision du style et le sérieux de l'enquête.
H : L'une de vos premières publications est un document d'investigation (La République des jeux). Votre analyse vous a fait côtoyer un milieu bien particulier. Qu'avez-vous retiré de cette expérience ?
EB : Les jeux d'argent et de hasard ouvrent sur un monde spécial, le monde de la nuit, des casinos, des joueurs de poker, des tricheurs, des flics, des jeux. Un monde parallèle et pourtant voisin du monde de tous les jours. Un peu comme le monde de la Féerie, justement !
H : Dans un autre registre, vous avez édité une biographie romancée de Claude Stavisky. Qu'est-ce qui vous fascine chez ce personnage ?
EB : Là aussi, j'ai été ému par ce personnage portant sur les épaules le destin d'un père à la fois maudit et idéalisé. Un personnage de roman.
H : Tous vos ouvrages consacrés au Petit Peuple retracent leurs histoires depuis leurs origines. Pourquoi avoir choisi cette approche plus cartésienne ? Etait-ce un besoin pour vous d'aller au fond des choses ou bien de vous démarquer des autres elficologues ?
EB : Jai suivi l'école anglo-saxonne, qui traite sérieusement de sujet frivoles... Non que la Féerie soit frivole, mais en France on a tendance à sen moquer... J'ai donc appliqué les règles de recherche documentaire et journalistique au monde de l'imaginaire et de l'invisible.
H : Dès 1999, aux éditions Pygmalion, vous publiez des monographies (collection Univers Féerique : Fées et Elfes, Nains et Gnomes, Sorcières et Démons, Sirènes et Ondines, Géants et Dragons). Pourtant, d'autres ouvrages sur le sujet suivront plus tard. C'est donc que celui-ci vous cache encore beaucoup d'êtres insaisissables. Pourriez-vous nous parler d'un en particulier qui vous préoccupe et qui conserve encore tout son mystère pour vous ?
EB : Le Leprechaun irlandais ! Cest un lutin cordonnier qui ressemelle toujours une chaussure, jamais la paire ! Personne ne sait pourquoi, et moi non plus ! Ce qui me fait enrager...
H : Sur votre site officiel (http://www.edouardbrasey.com/), vous citez comme auteurs qui vous ont influencé : Stendhal et Jean Giono. L'un et l'autre étant très différents, pouvez-vous nous dire les particularités que vous aimez chez eux ?
EB : Le style, le style et encore le style. Stendhal a dicté La Charteuse de Parme en 14 jours. Et Giono a écrit Angelo, Le Hussard sur le toit et Le Bonheur fou en hommage à Stendhal... A côté de mon site, je tiens également un blog, http://blogs-livres.com/edouard-brasey
H : Les Loups de la Pleine Lune semble être votre seul ouvrage fantastique. Est-ce que d'autres projets vont suivre ou celui-ci restera-t-il une expérience unique ?
EB : C'était un essai, un « à la manière de », en référence aux romans du siècle passé, Bram Stocker, Dracula, etc. J'ai d'autres projets romanesques en cours, mais il s'agira davantage de « fantasy mythologique » inspirée des mythologies nordiques autour d'Odin et des dieux de l'Asgard.
H : Grand voyageur devant l'éternel, vous proposez, avec l'aide d'une agence, de partager deux voyages particuliers au coeur du désert égyptien à travers des contes. Pouvez-vous nous parler plus longuement de ce concept ?
EB : Il s'agissait d'aller marcher dans le désert blanc d'Egypte, en racontant des contes aux étapes. Je me souviens avoir d'avantage voyagé dans mes histoires que dans le désert !
H : Après avoir étudié l'art du conte et exploré la richesse de la littérature orale, suivi un atelier de la parole, vous être initié à l'art de la commedia dell'arte, vous proposez des spectacles de contes originaux dans lesquels vous êtes le conteur et tous ses personnages. Pouvez-vous nous en dire plus ?
EB : La commedia dellarte ma appris à raconter avec le corps, pas uniquement avec la voix. Mon modèle dans le genre, c'est le comédien multi-facettes Philippe Caubère.
H : Ecrivain, conteur, comédien, scénariste et auteur dramatique. Edouard Brasey, qu'elle est encore l'une de vos passions pas encore assouvie ?
EB : Collectionneur, bibliophile mais aussi désormais éditeur, ou plus exactement directeur de collection dans le domaine de la fantasy chez mon éditeur, le Pré aux Clercs.
H : Votre dernière publication chez Le Pré aux Clercs s'intitule La Petite Encyclopédie du Merveilleux. Elle reprend dans un format plus petit mais dans son intégralité les trois volumes de l'Encyclopédie du Merveilleux parue chez le même éditeur. Qu'est-ce qui manquait selon vous à sa grande soeur pour avoir décidé de publier cette nouvelle version ?
EB : L'idée était de proposer l'intégralité des textes et illustrations dans un format plus compact. Le livre est très bien accueilli car il correspond mieux à l'idée d'une encyclopédie exhaustive à manier pour le plaisir ou la recherche. Les grands volumes en trois tomes correspondent d'avantage à l'idée de beaux livres.
H : Comme vous êtes quelqu'un qui s'intéresse à beaucoup de choses et très actif de surcroît, pouvez-vous nous parler de vos projets en cours et en devenir ?
EB : Une Tétralogie romanesque sur les mythologies nordiques, dans lequel je mets en avant le rôle des femmes, notamment celui de la Valkyrie. Cela paraîtra à parti d'octobre 2008 chez Belfond. Et je viens de recevoir une bourse de création du Centre national du livre pour ce projet !
H : Pour clore cette interview et vous remercier de votre patience face à toutes nos questions, nous vous laissons les mots de la fin pour un échange entre vous, vos lecteurs et le monde merveilleux...
EB : Ma devise préférée, attribuée à mon maître ès Féerie Ismaël Mérindol, elficologue du XVe siècle : «Rien n'existe qui n'ait au préalable été rêvé. »