Les Chroniques de l'Imaginaire

La Nuit des Masques (La Porte d'Ishtar - 1) - Paris, Alain & Dupuis, Simon

Neuf siècles avant notre ère, Babylone. La cité est gouvernée par la reine Sémiramis, vieillissante, mais tenant encore fermement en main les rênes du pouvoir.
Alors que son secrétaire de la justice vient de mourir, la reine décide de choisir, au lieu de l'un de ses assistants, une toute jeune fille, Taliya, brillante élève de l'école des Scribes mais dont rien ne laissait présager la brusque montée en grade.

Alors que le geste surprenant de la reine révolutionne la cour, la nouvelle directrice du Service de la Justice Royale va devoir découvrir sa mission et faire ses preuves dans un milieu pas forcément enchanté d'être dirigé par une femme

Taliya va devoir soutenir le regard des hommes que la Justice de la reine donc elle condamne à mort, va devoir découvrir la vérité et, faute de preuves, faire appliquer l'ordalie. Contrairement à ce que pressentent les aristocrates évincés pour le poste, la jeune fille s'en tire plutôt bien, grâce à son intelligence, aux conseils de la reine et à l'aide de son assistant, le beau et brillant Adad.Mais voilà que l'homme le plus riche de la cité est assassiné. Tout laisse suspecter qu'un vulgaire cambriolage ayant mal tourné est la cause de sa mort, mais le fait qu'il ne se soit pas débattu laisse Taliya méfiante. Et si quelqu'un avait mis sa mort en scène pour camoufler autre chose ? Mais qui ? Sa femme, princesse étrangère ? Le chef des garde de la maisonnée, que tous accusent de négligence ? Ses confrères qui convoitaient son poste de responsable ?

L'intrigue est sympathique, mettant en scène les débuts de Taliya entre une enquête d'envergure et les différents aspects de sa mission, présentant les défauts comme les mérites de la justice de ce pays. On peut reprocher l'inévitable histoire d'amour qui se tisse entre elle et Adad, mais le coup de théâtre, à la conclusion de ce tome, donne un coup de fouet à ce qui semblait trop convenu. Le côté historique de l'histoire est bien respecté, le personnage de Sémiramis, loin de l'image de la reine sensuelle et égoïste que l'on se fait, montre une femme moderne, intelligente et dominatrice.
Mon seul regret, dans ce premier tome plutôt intéressant, est le dessin qui, s'il est en général bien fait pour les paysages et les décors, a tendance à caricaturer les personnages. Tous ont, par exemple, le même sourire grimaçant et des traits légèrement simiesques vus de profil. Un défaut qui porte donc préjudice à cet album qui, sinon, aurait été sans reproche !