Ann Kelvin est une vieille dame. Son corps lui fait défaut à présent. Mais son esprit, lui, est toujours aussi fort et passionné. Alors quand arrive Marc Sénac dans sa propriété, la vieille Anglaise l'accueille fraîchement. Elle a combattu avec ferveur la transmnèse quelques années auparavant, la cause des clones comme celle des animaux en voie de disparition étant son cheval de bataille. Mais voilà, Marc veut lui proposer autre chose... Une transmnèse, certes, mais dans un but bien précis : transférer son âme dans le corps d'un géant des mers... tout cela pour cartographier et sauver les cachalots du globe, n'en déplaise aux baleiniers !
Cependant, est-il si simple pour une veille dame de s'approprier les fonctions vitales d'un mammifère marin ? Et comment communiquer avec ses nouveaux congénères, à défaut de sa connexion satellite avec les humains ? Et aussi, autre question cruciale, comment se nourrir et survivre ?
Déjà l'auteur de Fata Organa, nouvelle parue dans l'anthologie La Terre toujours éditée chez Griffe d'Encre, Jeanne-A Debats livre ici un récit une nouvelle fois écologique, à tendance écoterrorisme même. Aussi quelques références sont faites à des organismes pas toujours catholiques tels qu'il en existe déjà à notre époque.
Mais là, l'auteur va plus loin en donnant la possibilité à l'homme d'être capable de capturer une âme, et de la transférer dans un autre corps. Idée ingénieuse, certes, mais est-elle si libre de conséquences ? Jeanne-A Debats apporte là aussi quelques pistes de réponse. Quant aux cachalots, ils sont sans doute plus complexes que nous autres terrestres ne le pensons. À travers les épreuves d'Ann, l'auteur va apporter une touche de merveilleux, une bouée de sauvetage face à l'univers humain si noir.
Si l'homme est un loup pour l'homme, qu'est le cachalot pour le cachalot ? On pourra peut-être regretter l'absence de l'humour corrosif présent dans Fata Organa, mais d'un autre côté la novella ne s'y prête pas vraiment. Ce qui est certain, c'est que ce récit se lit d'une traite, et qu'il est plus qu'à propos quand on s'intéresse un tant soit peu à l'écologie mondiale.
En ce qui me concerne, j'ai particulièrement apprécié le déroulement du récit, pour justement voir le développement de ces questions. Quant à la fin... elle est... disons appropriée.
Devant la qualité des deux récits de Jeanne-A Debats, je vais à présent y apporter une attention particulière dans la suite de sa carrière littéraire. Et si vous ne me croyez pas, lisez donc La vieille Anglaise et le continent.
Au fait, quel est ce continent ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire !