John Geary ne sait pas ce qu'il est advenu après la destruction complète de son vaisseau. C'est seulement après que la capsule de survie où il vient de passer un siècle a été récupérée par la flotte de l'Alliance qu'il apprend qu'il est un héros depuis tout ce temps. On ne peut pas dire que ça lui plaise, et il ne comprend pas du tout pourquoi l'amiral Bloch, commandant de la flotte qui vient de "se prendre la pâtée" face à un ennemi très supérieur en nombre tient à lui transférer le commandement en chef avant d'aller à la rencontre de son homologue ennemi.
Il ne comprend pas, mais il n'a pas l'habitude de refuser d'obéir à un ordre direct de son supérieur hiérarchique. Et puis, c'est très provisoire. Croit-il. Mais il va se retrouver bel et bien au commandement, dans des circonstances critiques, d'une Flotte dont il estime qu'elle s'est terriblement éloignée de ses traditions, tant éthiques que guerrières.
Outre l'aspect guerrier de l'action, familier, et même nécessaire, à tout amateur de space opera, on trouve dans ce roman, et c'est son plus grand intérêt sans doute, une réflexion sur la façon dont la haine de son ennemi, jointe à une longue fréquentation, produit une sorte de mimétisme, à tel point qu'après un siècle de combat, les deux belligérants finissent par quasiment se confondre.
Par ailleurs, le personnage central, finement décrit, donne bien à comprendre comment le mythe du Héros peut être dangereux, mortifère pour la personne concernée, et pour ceux-là même qui le révèrent, en les poussant à adopter des comportements totalement inadaptés à la situation réelle où ils se trouvent.
Enfin, les relations entre les personnages sont intéressantes aussi, et l'action est soutenue. En somme, un roman qui se lit, à plus d'un niveau, avec un grand plaisir, et dont on attend la suite avec impatience !