Les Chroniques de l'Imaginaire

L'ombre des voyageuses - Pelot, Pierre

Alors qu'elle commence à apprendre à lire, la petite Emeline découvre dans un coffre une liasse de feuillets. Elle n'a le temps que de lire les premières lignes, avant que sa gouvernante ne l'appelle pour la sieste : "Ils m'ont appelée la Rouge Bête. Ce n'était pas méchantement...". Ces quelques mots ne la quitteront plus. Mais elle a beau insister, impossible d'en apprendre plus. Quand elle revient rechercher son trésor, le coffre est vide. Son père adoptif et sa gouvernante refuse de lui parler de cette histoire... Elle devra attendre le jour de ses douze ans pour en connaître la suite...

Dix-huitième siècle, dans un petit village des Vosges. Esdeline Favier, une petite gardienne de chèvres, est surnommée la Rouge Bête à cause de sa flamboyante chevelure. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle s'élève seule : elle passe ses journées dans les pâturages, et ses nuits blottie contre la chaleur du ventre de ses chèvres. Ses parents ne font que peu de cas d'elle.

Lorsque survient dans sa vie Cauvin, son "presque cousin", elle se trouve changée pour jamais. Il lui apprend à lire et à écrire, et sème dans son esprit des envies d'aventures et de voyages... A l'adolescence, un meurtre commis involontairement pousse le jeune couple à s'enfuir. C'est alors le début des aventures, qui seront bien loin de ce qu'Esdeline imaginait... Elle se trouve forcée d'embarquer sur un autre bateau que celui de Cauvin. Des voyages en mer, elle va connaître le pire : ouragans et attaques de pirates, mutineries et épidémies... Femme de courage et de convictions, Esdeline brave tous les dangers afin de retrouver son amour. Ses aventures et ses découvertes finiront par la forcer à rebrousser chemin pour revenir sur les lieux de son enfance afin d'affronter ses démons et son passé.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas accroché au style de l'auteur... Douze jours entiers pour venir à bout de ce roman, un record de lenteur pour moi, qui m'a rappelé les pavés indigestes avalés à la fac ! Le rythme, très changeant, m'a souvent décontenancée. Il m'est arrivé d'avaler les pages sans les sentir passer, puis de rester bloquée les jours suivants sur un seul chapitre, en me demandant à chaque ligne de quoi on pouvait bien être en train de parler !

Et pourtant, pourtant... une fois le livre refermé, ma première pensée a été : quelle merveilleuse histoire, et quelle merveilleuse femme ! Le personnage d'Esdeline est sans conteste une véritable réussite. On la voit évoluer, murir et s'affirmer, passant de la naïve gardienne de chèvres à la redoutable femme pirate. Amoureuse et entière, prête à mourir pour ses idées, son destin est bouleversant. En connaissant l'histoire entière, j'ai tout pardonné à l'auteur, et je l'avoue, je n'ai plus qu'une envie : lire à nouveau ce livre !