Avec ces six contes de Grimm réunis sur un double cd (Blanche-Neige et les sept nains, Peau d'ours, Les trois fileuses, Sept d'un coup, Dame Holle et La fauvette-qui-saute-et-qui-chante), on plonge avec bonheur dans la tradition ancestrale et universelle des contes populaires, porté par la belle voix de l'actrice Anny Duperey.
Transmis dans leur version brute et non édulcorées, ces six contes permettent de prendre conscience des liens étroits tissés entre les différentes versions européennes de nos contes classiques. Certains thèmes et motifs reviennent de façon récurrente : la fragilité de la cellule familiale ; le cadet fragile qui parvient à accomplir une destinée de héros grâce à sa ruse ; l'animalité qui est susceptible de ressortir en chacun de nous... Ainsi, des ponts se créent entre ces contes que l'on entend et ceux que l'on connaît déjà. C'est particulièrement frappant dans La fauvette-qui-saute-et-qui-chante. On y retrouve tout à la fois des similitudes avec La belle et la bête de Madame Leprince de Beaumont, Peau d'Ane, et le conte norvégien A l'est du soleil, à l'ouest de la lune (illustré par P. J. Lynch chez Gründ).
Ecouter ces contes dans leur version intégrale permet également de prendre conscience de leur violence sous-jacente, violence souvent édulcorée, voire supprimée dans nos versions modernes. La mort, la dévoration, la torture, la sexualité sont au coeur de la trame de chacune de ces intrigues. C'est notamment le cas dans Blanche-Neige et les sept nains. Ce conte, morbide par essence, ne serait-ce que pour ces trois couleurs que la mère de Blanche-Neige souhaite retrouver chez sa fille (le blanc de la mort, le noir de la terre, le rouge du sang) développe le thème de la violence sans ambiguïté. La marâtre souhaite dévorer le coeur encore chaud de sa belle-fille, puis l'étouffer avec le lacet de son corset, l'empoisonner avec un peigne, et enfin avec la fameuse pomme. Pas de sommeil dans la version des frères Grimm : la pomme est réellement mortelle, et Blanche-Neige n'en réchappe que parce que le morceau qu'elle a avalé est resté coincé dans sa gorge, et qu'elle va ainsi pouvoir le recracher. Et que dire du prince, qui tombe amoureux d'un cadavre ? En ce qui concerne la cruauté, Blanche-Neige n'est pas en reste, puisque au cours de ses noces, elle condamne sa belle-mère à danser dans des souliers de fer chauffés à blanc jusqu'à ce que mort s'ensuive...
Découvrir ces contes dans leur version initiale permet donc aux enfants (et aux adultes) d'en saisir la vraie matière. Ils gardent ainsi leur valeur d'initiation et leur pouvoir de suggestion. Porté par la musique de Louis Dunoyer de Segonzac (piano et violon), voici un cd à découvrir !