Les Chroniques de l'Imaginaire

Aux sources du Z (Spirou et Fantasio - 50) - Morvan, Jean-David, Yann & Munuera, José-Luis

Pour le mariage du Shiek Ibn-Mah-Zoud, Spirou et Fantasio vont partir dans l'émirat de Durbaï. Alors que l'ancien groom gourmandait son ami à cause de son noeud papillon "ringard", le portable sonne. Or lorsque Spirou décroche, un hologramme marqué du signe Z apparait, puis le visage de son inventeur, Zorglub. Chose étrange, il n'a pas l'air de s'en prendre aux deux aventuriers, mais au contraire à leur demander un service : ont-ils gardés les gants de boxe qui les ont fait gagner le combat contre Poildur, des années plus tôt ? D'après le terrible inventeur, c'est une question de vie ou de mort.

Mais Spirou n'a pas retrouvé ces gants, alors c'est avec le vieux costume conçu lors du reportage sur les gorilles qu'il se rend au château de Champignac où l'attendent le comte Pacôme et son dangereux ami. Sitôt arrivé, Spirou libère le conte de l'armoire où il était enfermé et la bagarre avec Zorglub commence, bien qu'il ait eu le temps de projeter Champignac sur un toit à l'aide du rayon G.A.G. Alors que Spirou prend l'avantage sur son adversaire, Miss Flanner les interrompt. Son état de santé est gravissime, ses jours sont comptés. C'est justement pour cela que Zorglub a fait appel à son pire adversaire... pour la sauver.

Ah, le fameux thème du voyage dans le temps. Quoi de mieux qu'un cinquantième album pour s'y risquer ? Voilà Spirou parti pour une course poursuite vers le passé, à travers ses propres souvenirs. On y retrouvera donc forcément des références à des passages incontournables d'anciens albums de la série tels que Le gorille a bonne mine, Le dictateur et le champignon ou la toute première aventure publiée de Spirou, où ce dernier dans une fête foraine doit combattre le boxeur Poildur. Les albums plus récents ne sont pas en reste, avec bien évidemment Paris Sous-Seine où nous rencontrons le personnage de Miss Flanner et son excentricité.

Et avec le voyage dans le temps vient la peur évoquée par Barjavel de l'effet papillon. Car modifier le passé revient à changer le présent. Autant Champignac et Flanner sont contre que Spirou se range à l'avis de Zorglub, par humanisme. Dans l'ensemble, le scénario tient bien la route, et nous sourions beaucoup en retrouvant des anciennes inventions comme le GAG, ou des anachronismes comme les papiers d'identité. Quant à la fin, elle est vraiment surprenante, mais on sait que Morvan et Munuera ont à coeur de mettre leur touche personnelle au personnage de Spirou. Néanmoins les puristes vont avoir du mal à accepter le final de cette aventure.

Donc c'est un album ambitieux, à mi-chemin entre nostalgie et avenir. Je crois bien que les amateurs de Spirou et Fantasio en seront tout aussi partagés, quoique la série a toujours été ouverte aux nouveautés. Enfin, quoi qu'il en soit je souhaite que Spirou continue encore pour cinquante aventures !