Matthew Jankyn n'apprécie qu'à demi la vie de châtelain sur ses terres du Shropshire : il est en sécurité, et a autant de femmes qu'il peut en vouloir, mais il s'enuie. Aussi, quand son ancien maître, le cardinal Beaufort, fait appel à lui pour aller en France espionner la soi-disant Pucelle, il ne tarde guère à accepter.
Or, Jeanne le trouble, il se sent bien incapable de penser qu'elle est sorcière, et il ne veut pas qu'il lui arrive malheur. Mais bien sûr les Anglais ne peuvent accepter que la France leur échappe, et le favori du roi ne peut tolérer que Charles VII se rappelle à qui il doit son trône.
Quand on lit un roman historique mettant en scène un personnage aussi connu que Jeanne d'Arc, on sait que la fin sera sans surprise. Quoique... En tout cas, ce roman a d'autres atouts que l'histoire elle-même : la façon dont l'auteur la raconte, d'abord, avec une connaissance précise des us et des faits du temps ; les personnages secondaires, même si à cet égard on peut regretter le peu d'attention portée à Gilles de Rais, à peine mentionné une fois, alors qu'il ne manque pourtant pas d'intérêt non plus ; et surtout le personnage de Jankyn lui-même, partagé, attachant dans ses défauts.
De plus, il est fort intéressant de lire l'histoire de l'héroïne française vue "de l'autre côté", sous la plume d'un anglais. Enfin, nul doute que ce roman pourra donner envie d'en savoir davantage à certains pour qui la figure historique de Jeanne n'est qu'un vague souvenir scolaire. Une raison de plus pour recommander chaudement ce roman fort bien tourné.
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