Les Chroniques de l'Imaginaire

Le suédois - Gaultier, Christophe

Nous sommes à la tombée de la nuit, dans le Nebraska, en 1898. Autant dire une chose : comme nous sommes en plein hiver, le blizzard souffle, et il fait froid, très froid. Nous retrouvons trois hommes à l'arrivée d'un train. Avec leurs bagages, ils se rendent au Blue Hotel, situé dans un trou paumé aux environs de Norfolk. Les hommes se réchauffent, et ils en ont bien besoin. Ils commencent ensuite à se présenter, et tout va bien, jusqu'à ce que l'attention arrive sur un grand homme chevelu aux yeux d'un bleu profond, refusant de se séparer de sa valise. L'homme na pas l'air tout à fait net, et on finit par savoir qu'il est suédois et qu'il se nomme Svante Jonasson

Cet homme est méfiant, et il a bien du mal à s'intégrer dans le petit groupe d'hommes qu'il accompagne. Jusqu'à ce qu'il accepte un petit coup d'alcool, puis un autre petit coup. Là, Jonasson devient pour le moins incontrôlable : il se révèle dune part particulièrement étrange lorsqu'il affirme qu'il est certain qu'il va mourir là ce soir, et il est d'autre part un très mauvais perdant aux cartes : le barman commence ainsi à avoir de plus en plus de mal à le canaliser.

Et le ton monte vite, et ces hommes vont commencer à en venir aux mains, pour certains d'entre eux.

Le suédois est une BD dont l'essence est tirée du roman Blue Hotel, de Stephen Crane. On y trouve tout un groupe d'hommes exclusivement, livrés un peu à eux-mêmes dans un huis-clos terrifiant : comment réagiriez-vous avec un homme à priori plus costaud que vous, qui perd littéralement les pédales ? Les couleurs employées ici sont bien souvent froides et sombres, et soulignent parfaitement l'ambiance morose et le très mauvais temps local. Seules les scènes proches du réchaud bénéficient de tons rouges beaucoup plus chaleureux, et redonnent un peu d'espoir au lecteur.

L'ensemble scénarisé par Christophe Gaultier constitue tout de même un récit tout à fait intéressant : le rythme est excellent, l'ambiance encore une fois très pesante, et on se surprend à lire cette BD très rapidement, tant les bulles sont courtes et pourtant incisives Une bonne surprise des éditions Futuropolis, qui devrait trouver son public, même si on ne parle bien sûr pas d'un large public qui aura du mal à accrocher au premier coup d'oeil, bien malheureusement.