Les Chroniques de l'Imaginaire

Animal'z - Bilal, Enki

La planète n'est plus du tout celle que nous connaissons aujourd'hui. Un immense cataclysme écologique appelé Coup de Sang a ravagé cette terre que nous aimons : les océans sont pollués, l'eau potable est devenue un trésor inestimable pour les rares survivants. Le ciel est en permanence couvert d'un épais manteau gris, et c'est dans ce contexte que les hommes cherchent l'eldorado. Les rumeurs prétendent que l'on peut y accéder par la voie maritime, via le détroit D17. C'est dans ce détroit que l'on trouve l'Adria IV, le bateau d'Ana et Michelangelo Pozzano. Lui est mort, et Ana est seule à présent

Mais pas pour longtemps ! Un dauphin inconnu s'invite sur le bateau. Le mammifère marin se transforme rapidement en un être humain inconnu de sexe mâle, qui parvient à prendre le contrôle du bateau. Il est vrai que des expériences d'hybridation ont été menées dernièrement, permettant aux plus riches de se transformer en dauphin, ou autres animaux, profitant au passage des sens exacerbés de ces derniers. L'inconnu se fait appeler Franck Bacon, et parvient à échapper à Lester, le capitaine d'un autre bateau du secteur, ayant subi une avarie

Non loin de là, toujours dans le secteur D17, on trouve un autre bateau : celui du couple Owles, Ferdinand et Louise, ainsi que Kim, leur fille adoptive. C'est justement Ferdinand Owles qui est à la base des technologies d'hybridation animale : l'homme a subi des expériences sur lui-même et sur sa famille, avant d'avoir des cobayes comme Bacon, justement

Les nouvelles ne sont cependant pas bonnes pour les emprunteurs du détroit D17 : une radio émet encore, et elle montre un individu défiguré fuyant le détroit, arguant du fait que des gens meurent de contamination, qu'il ne faut absolument pas venir là. L'acteur est cependant mauvais, et ne suffit pas à décourager tous les protagonistes, qui arrivent rapidement à se rencontrer.

Animalz est donc le dernier livre d'Enki Bilal. Il aura fallu un an, depuis le dernier tome du Monstre, pour aboutir à ces planches. Exit les histoires de monstres, d'action citadine, et de stocks : nous sommes ici en pleine nature, où les relations entre êtres humains se retrouvent reléguées à un second plan. Les rencontres faites dans cet univers sont bien souvent dangereuses (comme cette famille de cannibales), mais il arrive parfois qu'on rencontre des êtres charismatiques, comme ces deux chasseurs philosophes et férus de citations qui se cherchent, à dos de créature mi-cheval, mi-zèbre.

On retrouve le style inimitable d'Enki Bilal, avec ce gris qui est la couleur prédominante : un gris qui sied parfaitement à la gravité de l'époque, et qui est à la fois si poétique entre les mains de cet artiste La seule couleur vive qu'il nous est donné de voir reste le rouge vif. Pas seulement pour le sang, d'ailleurs Une fois de plus, Enki Bilal signe un livre qui sort du lot, dont la couverture na strictement rien à voir avec l'histoire, et qu'un large public pourrait découvrir : une oeuvre qui donne à réfléchir, en tout cas