Nous sommes sur Majipoor, une planète étrange dirigée par quatre personnes, dont le Coronal Lord Valentin. Et c'est justement un jeune Valentin que l'on trouve sur les hauteurs de Pidruid, une ville où un immense festival doit avoir lieu, en présence justement du Coronal Lord Valentin. Le jeune homme est sale, et il a la particularité d'être totalement amnésique Il fait la rencontre de Shanamir, un garçon éleveur de bétail, qui accepte de l'emmener à la ville. Rapidement, le duo rencontre une troupe de jongleurs, menés par Zalzan, et comprenant la jolie Carabella. Il manque un jongleur à cette troupe pour pouvoir faire le numéro, et il se trouve justement que Valentin possède toutes les aptitudes lui permettant de faire le remplacement au pied levé.
Alors la vie d'aventure peut commencer ! Ainsi, le premier numéro est donné devant le Coronal en personne, et tout se passe pour le mieux : Valentin est heureux dans cette nouvelle vie, où il s'éprend de la belle Carabella. Seuls d'angoissants cauchemars parviennent à lui rendre le sommeil difficile. Cauchemars et rêves sont dans ce monde envoyés par deux des quatre têtes pensantes de Majipoor, et des éléments de plus en plus troublants commencent à apparaître, concernant le passé de Valentin. Ainsi, Deliamber, le vroon de l'équipe, aux sensations surdéveloppées, a-t-il pu ressentir des choses étranges au premier contact avec Valentin. Des choses que le garçon lui-même ne peut accepter, avant d'en avoir plusieurs preuves : lui, le petit jongleur, n'est autre que le véritable Coronal, le véritable Lord Valentin. Et sa mère n'est autre que la Dame de l'île du Soleil, celle-là même qui envoie les rêves bénéfiques. Celle-là même qu'il va falloir maintenant rencontrer, au prix d'un énorme pèlerinage
Ce premier tome de Majipoor parachève le lancement de la collection Cherche Futurs (après les deux premiers tomes de L'assassin royal) chez Soleil. Une collection dédiée à la reprise des grands classiques de la science-fiction. C'est à un roman de Robert Silverberg que la référence est faite ici, et la lourde tâche de transposer ce monde richissime a été confiée à deux véritables fans de Silverberg : Olivier Jouvray et David Ratte, le dessinateur du très écolo Toxic Planet et de Le voyage des pères. Première constatation : David Ratte ne fait pas que dessiner des masques à gaz, et il est parfaitement à l'aise avec les vrais visages humains (et également avec ceux de créatures plus étranges)
La tâche de Jouvray est ici de transposer des centaines de pages de romans en une BD de 48 planches. Ce postulat de base trouvera forcément d'emblée les railleries des fans de Silverberg. Et pourtant, quelle erreur ! Certes, de nombreuses scènes et descriptions ont forcément été coupées, mais force est de constater qu'on est là avec une BD qui est bien loin d'être inintéressante, à défaut d'être vraiment originale. Les bonnes idées foisonnent, et Jouvray a réussi à rendre la chose épurée et très claire. Un bon premier tome qui pose de solides bases sur ce monde, dont il va maintenant falloir attendre la suite avant de se faire une réelle opinion.