La vie des douze Jésus, de Luc Dagenais a eu le prix Solaris 2009. Cela n'a rien d'étonnant car cette nouvelle très habile est à la fois excellente et hilarante. Son titre choc, imité bien sûr de La vie des douze Césars, de Suetone, annonce bien le contenu : Jésus a été cloné à partir de son ADN, et un certain nombre de fois, tant et si bien qu'il existe un parc à thème sur cette aventure par l'Association Mercantile Objective des Uchronies Rétro, autrement dit l'AMOUR.
Comme Sasha, de Gaël-Pierre Covell : dans une France de fantasy, les réprouvés qui se retrouvent dans le Marais ne peuvent pas le quitter sans son accord, et sans payer le prix, quelle que soit leur origine. Cette belle nouvelle glaçante campe un monde et des personnages crédibles, décrits d'une belle écriture, même si la fin n'est pas vraiment inattendue.
Le masque du clown rouge, de Tyler Keevil : Parmi des investisseurs yankees en bringue à La Havane, l'un est touché par la musique d'un clown de rue. A peine teintée d'une touche de fantastique, c'est encore là une splendide nouvelle.
Cold storage, de Raymond Dumoulin : Dans cette nouvelle, le fantastique est beaucoup plus marqué, si la musique est également présente, et elle renouvelle habilement le thème du pacte avec le diable. Un groupe de musiciens de rock s'est subitement détaché du lot, et un guitariste est bien content de participer à une de leurs tournées. Mais il aurait dû regarder le contrat de plus près.
La visite du vendredi, de Claude Bolduc : Si vous trouvez une petite bête sous votre peau, qui semble avoir soif, n'hésitez pas à la repasser à quelqu'un d'autre !
L'appel de la pluie, de Claude Bolduc : La pluie peut tout dissoudre.
De l'amour dans l'air, de Claude Bolduc : un amoureux transi consulte une sorcière haïtienne sans trop y croire, et en méprisant son remède, mais il a bien tort ! Ces trois nouvelles du même auteur mettent l'accent sur ces éléments qui séparent les humains tout en les unissant, et forment une belle unité.
Le patient de l'interne Freud, de Philippe-Aubert Côté : Encore une excellente histoire que celle-ci, qui réécrit Dr Jekyll et Mr Hyde, en nous montrant la rage refoulée en action.
Les habitués de la revue auront remarqué que Les Carnets du Futurible en sont exceptionnellement absents, par manque de place, mais les nouvelles présentées sont de si bonne qualité qu'on ne peut que pardonner ce manque... pour une fois ! Et si les Littéranautes sont uniquement virtuels cette fois, les critiques sont toujours aussi fouillées, variées et intéressantes.
Et pour ceux à qui ces 160 pages n'auraient pas suffi, il y en a encore à l'adresse www.revue-solaris.com !
