Attablé à un bar, l'inspecteur Jury écoute, intrigué, l'histoire d'un inconnu. Il n'y a rien de bien compliqué : une femme part avec son fils et son chien, visitée des maisons à louer mais ne revient pas. On pense à une fuite du foyer conjugal sauf que le couple allait, semble-t-il, bien et que le chien, on ne sait par quel miracle, revient à la maison un an plus tard.
Pareil à lui-même, Richard Jury se lance dans une enquête en s'inspirant davantage de l'univers entourant le crime et en s'appuyant sur l'aspect psychologique des témoins et victimes. Cependant, les conditions ici présentes sont différentes. En repos forcé, Jury ne peut pas utiliser les moyens officiels et goûte à l'oisiveté. Il ne prend donc pas cette affaire comme une mission de son supérieur et laisse les événements prendre forme tranquillement. Son intérêt reste, cependant, soutenu puisqu'il prend soin d'en parler à son lieutenant Wiggins et son ami Melrose Plant puis de les impliquer.
Or ça agace. On se demande pourquoi un féru de mystères et d'énigmes ne se plonge pas à corps perdu dans l'aventure. Pourquoi l'inspecteur ne va-t-il pas immédiatement sur le terrain pour recueillir les indices et construire ses propres hypothèses ? A la place, il écoute un inconnu lui dévoiler des bribes d'informations, des bouts d'histoire autour d'un verre ou d'un repas.
A ce moment-là, on fait plus attention au titre : Le paradoxe du menteur. Il est vrai que Jury s'interroge sur la crédibilité de cette affaire et sur la sincérité du témoin. Une femme et un enfant disparus, un chien revenu, un mari qui croit encore que ces deux êtres chers sont vivants mais entre dans la folie en imaginant où ils se trouvent. On pense alors que le sujet de l'enquête ne serait pas sur cette disparition mais plutôt fixée sur la fantaisie et la logique d'un esprit pervers. A Jury d'utiliser au mieux son talent de persuasion et d'observation pour délier le réel de la machination. Comme par magie, on observe alors un inspecteur prêt à prendre les rennes et à mettre toute son énergie à la recherche de la vérité.
Ce roman signe encore un trait de génie pour Martha Grimes. Elle nous interpelle par l'originalité du crime et de la mise en scène. Mais ce style a un risque. Le lecteur peut se lasser avant d'apprécier l'uvre à sa juste valeur.
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