Mogor dell'Amore prétend venir de Florence. Il a transité par maints lieux au cours d'un voyage fait de tours et de détours. C'est ainsi qu'il aime se déplacer. Il finit par atteindre sa destination : la ville de Sikri et le palais du Grand Moghol Akbar, descendant de l'illustre Gengis Khan.
Ceint d'un manteau fait de losanges colorés assemblés et pourvu de multiples et merveilleuses poches intérieures, il a accompli ce voyage, dit-il, dans le seul but de livrer à l'empereur un secret, à savoir sa propre histoire. C'est précisément la distillation de cette histoire qui lui permettra de survivre. L'empereur, quant à lui, accèdera à une re-naissance au travers de l'amour qu'il concevra pour cette princesse à la beauté fascinante et aux pouvoirs ensorceleurs, et ce malgré le temps et la distance.
Les récits sont enchâssés, l'agencement est complexe, les identités et les questionnement multiples. Entre Orient et Occident, fiction et réalité (ou plutôt mise en abyme de la fiction), Histoire et légende, le récit oscille jusqu'à parvenir à un certain équilibre, à quelque chose de l'ordre de la réunification, de la réconciliation entre ces mondes antithétiques.
Salman Rushdie nous laisse alors entrevoir un nouveau monde, au-delà des conceptions pré-établies, où les mixités religieuse et culturelle coexistent harmonieusement, où nulle fatwa ou autre forme d'intolérance religieuse ne saurait contraindre un être, un monde à l'image de celui dont rêvaient les Lumières de Florence et d'ailleurs.
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