Les Chroniques de l'Imaginaire

Dimanche fatal (Les sept clefs du pouvoir - 7) - Nix, Garth

Ce roman s'ouvre sur la chute du héros dans le vide et sa métamorphose en Autochtone ne va pas changer quoi que ce soit à cette évidence : il tombe à une vitesse vertigineuse et s'il ne trouve pas très rapidement une solution, il va lamentablement s'écraser. Il lui faut réfléchir à toute allure puisqu'il doit affronter le sieur Dimanche et se rendre maître du Palais avant que celui-ci ne soit dévoré par le Rien. Arthur, cependant, ne peut s'empêcher de laisser ses pensées dériver, perdant ainsi de précieuses secondes.

De son côté, sur Terre, Lilas essaie d'avoir des nouvelles de sa famille tout en aidant les prisonniers de l'hôpital privé de Vendredi. L'attaque nucléaire a eu lieu et une fois à l'extérieur elle se retrouve aux prises avec l'armée, et le grand frère d'Arthur par la même occasion, à qui elle a du mal à faire admettre son histoire. Elle subit toute une série d'étapes visant à la décontaminer avant que quelqu'un entreprenne de voler au secours des personnes coincées dans le bâtiment.

Suzy Turquoise Bleue quant à elle, est retenue prisonnière dans la tour de Samedi. Elle fait tout pour se sortir de cette situation inconfortable, à commencer par contrarier son gardien. Elle parviendra à ses fins grâce à une aide inattendue répondant au nom de Giac.

Le temps presse, les mondes se délitent et menacent de sombrer dans le Rien, de plus le Haut-Palais est le théâtre d'une guerre sans merci. Tout n'est plus que chaos et pour ne rien arranger Arthur est confronté au Curateur le plus puissant.

Enfin, voici le dernier tome des aventures d'Arthur. L'histoire précédente s'était close sur un terrible suspens et on trépignait d'impatience de connaître la conclusion de ce cycle.

L'auteur australien se surpasse dans cette fin en apothéose. Le parallèle biblique ne peut plus être ignoré, ni même nié bien qu'il soit en quelque sorte pris à l'envers. Impossible d'en dire plus sans déflorer la conclusion, ce qui n'est pas le but ; pas d'explication plus précise donc, mais une invitation à la lecture très marquée. La fin de cette saga est donc en tout point une satisfaction.

Tous les thèmes développés jusqu'ici sont à nouveau présents : la transformation définitive d'Arthur, le combat qu'il mène pour ne pas se perdre et se laisser guider par la colère, la violence et la force qu'il a acquise en devenant un Autochtone. Il apprend cependant à utiliser ses nouvelles capacités car il doit tout mettre en œuvre contre Dimanche, ce dernier possédant la clef septième, de loin la plus puissante et contre laquelle les autres clefs demeurent sans effet.

C'est également le cas en ce qui concerne le thème du passage d'un état à un autre. Arthur subit de pénibles épreuves et son passage dans le monde adulte ne se fait pas sans heurts ni souffrance. Cette métaphore est présente tout du long à travers l'impression par exemple de ressentir des émotions qui ne lui appartiennent pas ou inconnues, ou encore en montrant la difficulté qu'il existe à prendre des décisions, faire des choix qui engagent son existence et encore plus celles des autres. Être un adulte c'est avoir des responsabilités en somme et c'est probablement ce qui délimite les territoires. Le héros décide d'aller jusqu'au bout de sa quête, de conquérir les sept clefs bien que certains essaient de le dissuader. Évidemment il n'a pas la moindre idée des desseins de la grande Architecte mais il tente d'agir en son âme et conscience.

Ce qu'il y a de salutaire et de louable avec Garth Nix, c'est qu'il ne s'oblige pas à écrire une histoire convenue. On peut nourrir quelques regrets comme l'absence d'explication vis-à-vis de ce mystérieux personnage qu'est le docteur Scamandros par exemple. On peut, de la même manière, noter le classicisme du sujet comme de l'écriture. Pour autant, à aucun moment n'apparaît son triste corollaire : la banalité et, au fond c'est ce qui restera de ce cycle palpitant.