Ellen est désormais bien au Texas, et elle est au courant des machinations orchestrées par son avocat de mari pour l'empêcher de se dénoncer. Ellen a commis un meurtre il y a dix sept ans, et Jane Tyler est sur le point de subir la peine capitale si Ellen ne se dénonce pas. Devant l'impossibilité de se dénoncer à cause des réactions des américains, Ellen souhaite maintenant faire le point sur sa vie en prenant du recul vis-à-vis de son mari Richard et de ses enfants, tous restés en Angleterre...
Alors, Ellen se met une idée en tête : retourner voir ses parents. Son père est justement mourant, et pour y aller, Ellen décide de faire du stop... Après avoir fait la route avec un couple de braves gens bien trop bienveillants, Ellen décide de changer... Elle tombe sur une bande de hippies un peu fous, dans un van orange. Ellen va se plaire en cette compagnie, à philosopher et à refaire le monde. On trouve là un couple d'étudiants préparant leur troisième thèse de philosophie, une dame faisant la mère de substitution d'un autre garçon, et Warren, un autiste attachant.
Avec cette compagnie, Ellen va se sentir revivre, redevenir humaine. Elle va également retrouvert de quoi se battre contre une nouvelle épreuve : le père d'Ellen vient de mourir avant que sa fille ait pu le serrer dans ses bras une dernière fois. Et puis, il y a ce commercial intéressé par la maison des parents d'Ellen : celui-ci passe systématiquement et harcèle tous les jours la veuve. C'en est trop pour Ellen qui se décide à accueillir elle-même cet homme.
Mais les évènements ne lui en laisseront pas l'occasion : Ellen sera retrouvée par la police, grâce au zèle d'un officier qui était sur les lieux du drame il y a dix sept ans...
Avec ce tome 8, nous sommes bien dans la branche ou Ellen avait pris la décision de se dénoncer à la police pour éviter la peine capitale à Jane tyler. Pour autant, cette décision n'est pas simple à mener, puisque la jeune femme se rend vite compte qu'il ne suffit pas d'aller au commissariat le plus proche pour y faire une déposition, afin d'innocenter une condamnée à mort. Alors, un autre chemin se dessine dans ce tome, qui se veut un tome de transition où la jeune femme prend du recul, le temps de réfléchir à sa situation...
Et qui d'autre que Philippe Bonifay pouvait mieux raconter une histoire autant empreinte d'humanité ? Il suffit de voir la trilogie Zoo chez Dupuis Aire Libre pour se convaincre que l'homme est passé maître dans l'art de maîtriser les sentiments humains dans une bande dessinée... Le rythme imposé ici est très bon : le lecteur a le temps de se poser, de voir les choses en compagnie d'Ellen et de sa bande de nouveaux amis. De quoi promettre une accélération notable pour la suite.
Tandis que Bonifay nous fait délicieusement patienter, c'est Loïc Malnati qui a en charge le dessin sur ce tome. Le style est très épuré, peut être un peu trop minimaliste d'ailleurs, au vu de ce qu'on aura pu voir sur d'autres tomes de la série. Qu'à cela ne tienne : cela permet d'améliorer la lisibilité, et de se concentrer sur la narration et le rythme de l'histoire. Côté personnages, une nouvelle fois, le piège est évité : on reconnaît sans problème les protagonistes déjà rencontrés via d'autres dessinateurs dans les tomes précédents : c'est bien là l'essentiel.
Destins continue sa route : il est tout simplement temps que nous arrivions au bout (c'est pour janvier 2012 avec le dernier tome), histoire de pouvoir lire et relire cette histoire dans le sens qui nous plaira !