Nina est une belle jeune femme brune qui croque la vie à pleines dents. Elle a un don ; c'est une sorcière. Même si elle n'utilise pas vraiment son don. Et sa magie passe par ses mains, qu'elle couvre le plus souvent par des gants. Elle est folle amoureuse de Nils, qui semble bien le lui rendre. Quand ils se rendent tous les deux à cette soirée organisée par Chloé, la meilleure amie de Nina, ils ne savent pas encore que leur vie va basculer. Parce qu'en rentrant, ils croisent sur la route un autre véhicule. Et Nils a du mal à contrôler le véhicule. Il est grièvement blessé, et malgré son envie, et son pouvoir de le faire, Nina ne va pas arriver à le sauver.
Désespérée, elle va s'enfermer sur elle-même et dans son malheur. Heureusement que Chloé est là pour la faire se bouger un peu. Mais c'est une tâche très difficile que de changer les idées de quelqu'un qui vient de perdre un être cher et qui s'en sent responsable. L'arrivée d'une enveloppe mystérieuse sur le pas de la porte de Nina contenant des photos de ses deux grands-mères va faire se poser des questions. Des questions qui ne trouveront de réponses que dans le passé de Nina, au moment où sa grand-mère Marceline lui a transmis ses propres pouvoirs. Et c'est souvenirs, Nina a envie de les partager avec Chloé, au risque de la perdre.
Mais ne vont-ils pas aussi lui faire découvrir de nouvelles données sur le passé de sa famille et son héritage ?
Sorcières, série de femmes par des femmes, nous propose son quatrième tome avec cet Héritages. Et on peut d'ores et déjà dire qu'il est très réussit. L'histoire, même si elle est toute en finesse et en lente progression, est passionnante. Le rythme de narration est là et comble largement le manque d'action dans l'histoire. Bénédicte Gourdon remplit admirablement son contrat. Le personnage de Nina nous touche, de par son présent douloureux, mais aussi de par son passé et cette transmission d'une grande simplicité, au chevet d'une mourante. C'est d'ailleurs aussi la force du tome que de ne pas vouloir nous en mettre plein le vue. Les choses sont simples et s'intègrent de manière tellement naturelle au décor que cela pourrait être vrai.
De son côté, Stéphanie Hans arrive à retranscrire ces émotions et cette simplicité dans un dessin de toute beauté. La part belle est faite aux personnages, qui vivent et vibrent derrière son art. Les couleurs soulignent aussi parfaitement les différentes ambiances, souvent assez sombres, qui nous accompagnent. Malgré tout, la mélancolie et la tristesse finissent quand même par disparaître ou tout du moins, par s'atténuer.
Héritages est donc une lecture de belle qualité, touchante et sensible, que je ne peux que vous recommander.
