Loukiana est un des tous premiers ports du monde. Pourtant, il a bâti dans une région inhospitalière et peuplée de vampires. Les hommes ont dû d'abord faire le ménage dans cette population sauvage et nombreuse avant de pouvoir construire la citée. Mais elle est aujourd'hui bien présente. Malgré le confort acquis, les dirigeants continuent de surveiller attentivement les alentours. Parce que même si les vampires sont moins nombreux ils sont toujours bien présents et dangereux. C'est lors d'une de ses patrouilles en dehors de la ville que le bourgmestre Von Ulf découvrir un jeune enfant, nu et blessé. Sa survie semblait improbable, mais il était pourtant là. Et Von Ulf fit la seule chose qui lui semblait sensée : il le ramena chez lui et l'adopta.
Vingt cinq années ont passée. Von Ulf est toujours bourgmestre de Loukiana. Il a donné à ses fils, Clodwig et Wölfel, l'adopté, le soin de protéger ses habitants. Tandis que Clodwig dirige la brigade qui doit surveiller la ville le jour, Wölfel est en charge de celle de la nuit. Ce qui ne l'empêche pas de passer du temps dans des bras voluptueux, parfois de femmes mariées et parfois mariées à des hommes puissants et riches. Lorsqu'il reçoit une lettre anonyme avec ces mots : "Je sais qui vous êtes et ce que vous êtes. Minuit, face à l'ancienne ancre", Wölfel est intrigué. Et il va aussi passer outre le protocole et les règles de sécurité qu'il a lui-même mises en place. Et il va découvrir une jeune femme aux prises de deux vampires. Il va la sauver en tuant les deux vampires et en s'abreuvant à leur tête décapitée.
Eric Corbeyran nous revient avec une nouvelle série chez 12 bis. Il semble qu'il ait voulu se frotter au mythe du vampire. C'est un peu la mode en ce moment, le vampire. Surtout en littérature. Pas simple pourtant de justifier de vouloir s'y frotter aussi, sauf si on a une bonne idée. Et c'est ce qu'Eric Corbeyran a eu : une bonne idée. Présenter un vampire pas comme les autres, un vampire diurne. Qui plus est qui serait totalement intégré à la société dans laquelle il vit. Bon, ok, ce n'est pas forcément une trouvaille à toutes épreuves. Mais si on ajoute à cela les vampires nocturnes qu'il nous a concocté, qui se rapprochent plus des hommes de Neandertal que d'autre chose, là, on tient la bonne idée. Parce qu'à part Wölfel Von Ulf qui est un dandy, les autres vampires de l'histoire ne donnent pas vraiment envie de faire connaissance. Ce ne sont pas de beaux gosses ténébreux et mystérieux. Non, on dirait vraiment plutôt des sauvages. S'ils ne se nourrissaient pas de sang, on n'aurait aucune idée quant à leur nature. Si on ajoute à cela que le tout est enveloppé dans une ambiance steampunk, on a de bonnes idées qui ne demandent qu'à s'exprimer. Et elles s'expriment de manière très intelligente au travers de la plume d'Eric Corbeyran.
Il est aidé dans sa tâche par Tiho au dessin. C'est un dessin d'une grande précision (regardez les vue de Loukiana pour vous en convaincre) qui pourtant arrive à avoir ce petit trait nerveux qui donne de la vie et du mouvement aux personnages. Rien n'est figé. Le tout est servi par une palette de couleurs que j'ai trouvé bien choisies. Les passages dans la ville sont tous un mélange entre des teintes propres aux westerns et des touches métalliques, tandis que les incursions des vampires sont plus froides, avec des teintes bleues. Cela donne une ambiance nocturne qui augmente l'oppression que l'on peut ressentir par moment.
Au final, c'est une très bonne surprise que ce premier tome de Le diurne. Espérons que le prochain tome saura garder la même qualité.