Les Chroniques de l'Imaginaire

Les visages - Kellerman, Jesse

Une oeuvre d'une envergure ahurissante est découverte dans un appartement dont le locataire a disparu : une aubaine pour Ethan Muller, galeriste new-yorkais, qui décide bien vite de l'exposer, sans se soucier de chercher à retrouver l'artiste. Malgré l'aspect dérangeant et obsessionnel de cette fameuse oeuvre - ou justement, à cause de ça - l'exposition remporte un immense succés. C'est alors qu'Ethan reçoit un coup de fil d'un policier à la retraite : parmi les nombreux visages qui peuplent le tableau, il pense avoir reconnu celui d'un petit garçon assassiné et violé il y a des années.

Ethan fait contre mauvaise fortune bon coeur et va visiter ce policier, cloué chez lui par une maladie grave. Là, il est forcé de regarder la vérité en face : on lui met sous le nez plusieurs dossiers de meurtres non résolus ; chacune des photos de petits garçons correspond à un visage peint dans le tableau...

On a beaucoup parlé de ce livre, que l'on doit au fils des écrivains Jonathan et Faye Kellerman. J'appréhende toujours un peu ce genre de lecture que l'on aborde avec trop d'attente. Force m'est ici de constater que tout ce battage est parfaitement justifié. On tient ici un thriller à l'intrigue diabolique, qui mène du début à la fin les lecteurs par le bout du nez. Le style est simple, et s'efface derrière l'histoire que le narrateur nous raconte à la première personne. Jesse Kellerman réussit le tour de force de ne pas nous laisser relâcher notre attention un seul instant, et ce bien que l'on observe les faits à travers le champ de vision limité d'un personnage unique. Il introduit également quelques chapitres qui retracent l'arrivée aux Etats-Unis des ancêtres d'Ethan Muller. Ces appartés constituent des pauses dans une enquête trépidante, et permettent de remonter le fil des relations si torturées d'Ethan avec son père.

En plus de ce mystère à résoudre, l'auteur nous offre une plongée passionnante dans le milieu artistique new-yorkais. La vraisemblance des dialogues, l'épaisseur des personnages, l'ambiance inimitable, tout ça constitue une toile de fond parfaite et ajoute au charme du roman.

J'ai beau chercher, je ne trouve pas de défauts à ce roman. Le style est vraiment bateau, mais franchement, vu l'efficacité de l'intrigue et le magnétisme des personnages, on s'en moque complètement.

J'ai hâte de relire Jesse Kellerman !