Les Chroniques de l'Imaginaire

Dans mes veines (Dans mes veines - 1) - Marie, Damien & Goethals, Sébastien

A 9h14 ce matin là Barbara, Barbie pour ses ex-collègues, émerge d'un sommeil commateux avec une terrible gueule de bois. Elle habite dans le vingtième arrondissement de Paris et déambule dans son appartement, un café à la maison. Après avoir regardé par la fenêtre la rue et les passants, elle se rend dans sa cuisine. Et là, elle trouve le cadavre de Jill dans une marre de sang. Jill, un souvenir de son ancienne vie de flic. Jill, un top model qui a été aussi sa petite amie. Jill qu'elle n'a pas vue depuis deux ans. Malgré la vodka qui coule encore dans ses veines, Barbie a d'anciens réflexes qui refont surface. Elle s'habille en quatrième vitesse et sort de son appartement par la fenêtre. Parce qu'elle sait qu'elle est dans la merde. Parce qu'elle sait qu'un cadavre ne se retrouve pas tout seul dans votre cuisine. Quelqu'un veut qu'elle en bave. Et ce n'est que le début.

Barbara a rencontré Jill pour la première fois dans une soirée techno. Un peu trop d'alcool et un peu trop de drogue ont fait qu'elle se sont retrouvé dans le même lit à faire l'amour. Mais ça ne devait être qu'une histoire sans lendemain. Après, elles se sont revues alors que Barbie était infiltrée. Elle avait été choisie pour sa plastique qui, dans un jargon très technique aurait été qualifiée de bien roulée. Et elle a revue Jill en compagnie d'un gars qui ne lui plut pas. Barbie l'évinça aussitôt pour renouer connaissance avec Jill. Le courant repassa tout de suite entre elle et Barbie devint proche de Jill. Ce qui arrangeait bien la police qui avait ainsi une entrée toute faite dans le beau monde.

Enfin, beau, c'est vite dit…

Ah, le monde vu par les yeux de Damien Marie a vraiment tout pour plaire. Après l'Amérique ou l'Australie profondes, les délires amphétamiques des riches dans un futur proche voici que nous avons le droit au mode de la mode. Mais, vu de là où on se trouve, c'est beaucoup moins chic et gai que les défilés qu'on nous passe à la télévision, pour peu que l'on soit sensible à ce genre de déballage somme toute inutile. Ici, c'est plutôt un endroit sordide où la drogue n'est pas un plaisir mais un moyen d'échapper à quelque chose. Certes, la vie est luxueuse, mais tellement dénuée de sens qu'on doit en trouver un, ailleurs. Barbie a vécu un temps dans ce monde avant de devoir changer de vie. Elle en a quand même gardé certaines habitudes. Mais c'est cette vie qui va lui revenir en pleine face dans ce premier tome du diptyque.

Attention, il faut vien suivre l'évolution de l'enquête et surtout ne pas rater de détails. Parce que les flashs backs sont incessants et peuvent rapidement perdre le lecteur. Une erreur de scénarisation ? Non, je pense plutôt que c'est voulu et même très recherché dans la construction. Il faut que l'on soit perdu, comme l'est Barbie. Si on sait alors qu'elle ne sait pas, ne sait plus, cela ne peut pas aller. Mais, rassurez-vous, les pièces que l'on a pu voir sans forcément les comprendre au début se remettent en place en lisant la suite. Et puis, c'est une bonne excuse pour une deuxième lecture.

Le travail de Sébastien Goethals cadre une nouvelle fois très bien avec le récit de Damien Marie. Les personnages sont tristes, les couleurs aussi. On pourrait reprocher à la colorisation d'être un peu ternes, mais n'est-ce pas comme cela que les protagnistes perçoivent le monde à travers leurs yeux éteints ? Non, vraiment, il n'y a rien à redire quant à la réalisation.

Dans mes veines est peut-être moins claquant qu'un Welcome to Hope, mais cela reste une réalisation béton pour nous dépeindre un monde décidément très éloigné de celui des Bisounours dans lequel certains voudraient nous faire croire que l'on vit.