Les Chroniques de l'Imaginaire

Celluloid - McKean, David

Une femme arrive dans un appartement dans lequel elle devait retrouver son amant. Elle l'appelle, mais il ne semble pas déjà arrivé. Du coup, elle prend ton téléphone portable et compose son numéro. Même s'il répond, il est complètement débordé par le travail et ne peut la rejoindre. Ils sortent alors tous les deux leur agenda pour se fixer un autre rendez-vous. La femme se sent seule et abandonnée, mais comme elle vient de voyager, elle décide d'aller prendre un bain. Elle pense sans doute à ce qu'aurait pu être son rendez-vous en se caressant les seins. Mais elle est seule.

Quand elle sort de la salle de bain, elle va s'allonger nue sur le canapé. C'est alors qu'elle remarque un vieux projecteur qu'elle n'avait pas vu avant. Une bobine est déjà installée. Elle regarde quand même ce qu'est ce film puis le projette sur le mur du salon. C'est clairement un film érotico-pornographique amateur. Et cela l'excite. Tout en regardant les images, elle se caresse. Puis le film brûle. Mais sur le mur apparaît maintenant une porte. Une porte que l'on peut ouvrir. Et qui mène vers d'autres mondes où les plaisirs charnels sont à l'honneur.

David McKean, avec Celluloid, livre une roman graphique de près de deux cents pages sans la moindre parole. Un véritable exploit pour une histoire qui se veut limpide dans sa grande majorité. Cette femme va donc visiter différents univers dans lesquels elle va prendre des plaisirs différents. C'est l'occasion pour McKean de nous démontrer ces multiples talents. En effet, à chaque fois que la femme passe une porte, nous changeons littéralement de style graphique et de techniques graphique. Si le début de l'histoire est fait de crayonnés ciselés où la femme n'apparaît pas forcément jolie par moment, on voit par la suite des dessins aux grandes subtilités ou bien des montages avec des photos. Je ne saurais trop comment décrire les différents styles de l'auteur, mais ils ont tous une particularité qui fait que l'on a l'impression de naviguer dans des histoires qui n'ont de lien graphique que cette seule femme.

D'ailleurs, tout cela se termine par de vraies photos d'une femme blonde qui est à la fois la femme du film amateur et la femme de l'histoire. D'ailleurs, on retrouvera des photos de corps un peu tout au long de l'histoire. Bref, c'est loin d'être un pavé graphique linéaire. Chaque page apporte son lot de surprise dans la réalisation. Certaines sont (semblent) très simples et d'autres nous subjuguent par leur grand richesse.

Ce livre est un véritable travail graphique, c'est une certitude. Il est quand même à réserver à un certains lectorat de par son ton. Mais rien que pour l'intérêt du pur travail (et bien sûr de l'esthétisme) il faudrait le lire ou au moins le feuilleter. Parce que c'est beau. Plusieurs fois. Jamais de la même manière.