ValdiVia, AngKor, LeeR et LunDy forment une jolie petite famille des années 5026. Ils vivent dans une cellule tout à fait agréable sur un vaisseau tranquille. Tout devrait donc aller pour le mieux... Seulement voilà : AngKor est devenu l'iH le plus célèbre de son temps lorsqu'il a aidé à créer Polynesia, le premier vaisseau intégral représentant une région de l'ancienne Terre. Sa famille est sans cesse harcelée par les journalistes et la population. LeeR n'en vit pas moins son enfance comme tous les autres jeunes iH de sa génération. Sa passion est de créer des Nouvelles Terres en utilisant les théories de son père sur le terraforming. Sa mère quant à elle n'est pas tranquille. Depuis son retour de Polynesia, son époux n'est plus lui-même. Serait-il toujours amoureux de l'intelligence Virtuelle IwaKi qu'il appelait sa déesse ? Si oui, cette dernière pourrait-elle quitter le vaisseau sur lequel elle a été créée et revenir les hanter ?
L'esprit de ValdiVia est en ébullition ; elle part alors en quête de réponses de son côté pendant que son mari s'adonne à ses propres expéditions d'Acom sur les différents vaisseaux de la galaxie. Ce dernier continue d'ailleurs à se passionner pour la Polynésie et son histoire, et ce notamment grâce, ou à cause, de son lien étroit avec Ta'aroa le dieu polynésien, une part importante de sa personnalité. Sa dernière recherche porte sur le pouvoir des signes et sur les étranges Rongo Rongo de l'Île de Pâques. Son ami l'antiquaire lui a trouvé l'ouvrage idéal, mais celui-ci disparaît mystérieusement ; il serait même mort, dit-on, ce qui est pourtant quasiment impossible au Lème siècle, à moins que son Crédit Vital n'ait été volontairement ramené à 0... Mais qui aurait donc intérêt à faire une chose pareille ?
Sur leur voilier le Toa Marama, Alpha et son compagnon continue leur route vers Rapa Nui. Alpha est toujours obsédée par ces étranges dessins qu'elle trace avec tant de facilité et qui ressemblent comme deux gouttes d'eau aux signes gravés dans le bois par les anciens Polynésiens. Elle se prend par ailleurs d'affection pour un mystérieux internaute qui semble lire dans ses pensées et qui signe ses courriels Oméga.
Eagle, l'espion français infiltré au Pentagone, perd peu à peu patience : ses contacts de la DGSE ne lui répondent pas et ne donne pas suite à ses informations, pourtant cruciales, vu qu'elle portait sur le groupe "Soleil Ardent", lequel prévoit une intervention plutôt musclée lors de la Conférence Mondiale sur l'Armement de Genève. Lorsqu'il pirate l'ordinateur de bord d'un voilier du Pacifique et qu'il y trouve d'étranges données pour la fabrication d'une bombe, il décide de changer de camp, et de fournir à "Soleil Levant" les éléments qui leur permettront de se faire entendre. Il change alors de pseudo et devient l'Oméga d'Alpha.
Dans des temps beaucoup plus reculés, les héros Hoa-Tu-Metua, Nea et Moana qui jusqu'ici avaient eu des destins bien distincts auprès de leur peuple se retrouvent dans le même lagon pour un affrontement qui ne laissera indemne ni leur tribus, ni leurs pirogues respectives. Ainsi, le destin de trois branches polynésiennes se trouvent changées par la volonté d'une petite fille aux étranges pouvoirs qui voulait seulement retrouver sa mère...
Pour ce troisième tome de Polynesia, on attendait de Jean-Pierre Bonnefoy un feu d'artifice qui clorait dignement sa saga. Et nous l'avons, en partie. Personnellement j'ai été frappée par la plus grande fluidité de la langue du texte, et par la facilité avec laquelle l'auteur mène son intrigue. Plus de rappels ou de retours en arrière, juste une intrigue qui va de l'avant et qui nous emporte... Alors quel désappointement sur la fin, en queue de poisson à mon sens: "La mémoire de Charlotte est vide" (p. 656), sans réel dénouement. Mais cela reste la seule ombre à Le Pouvoir des Signes qui se laisse lire d'une traite, avec plus de plaisir encore que les deux précédents opus et qui nous en apprend encore tellement sur la Polynésie ancienne et contemporaine, notamment grâce au toujours présent lexique qui nous éclaire sur bien des points.