"Le Weltraum ! Un Empire ! Un Peuple ! Un parti !" Voici le slogan de propagande du Weltraum, un état guerrier totalitaire et expansionniste qui crache sur ses voisins se pensant seul à posséder une race digne de ce nom. L'armée est un moteur puissant de cette dictature. Et dans cette armée, un nom possède toute la gloire : le commando Skraeling. Tellement de gloire que ses exploits sont diffusés à la télévision, pour le bonheur de la population qui voit ainsi comment son pouvoir résout les conflits avec les nations inférieures voisines.
Le soldat Köstler ne fait pas partie du commando Skraeling. Comment le pourrait-il lui qui est un laeten, un être inférieur ? Recruté très jeune lors d'une campagne militaire, il fut ensuite endoctriné pour oublier son passé et entrer au Laeten.GRP, une unité de soldats. Et le soldat Köstler est bon dans ce qu'il fait. Le meilleur. Lors d'une campagne, il va se faire remarquer après avoir affronté seul un hélicoptère ennemi. Il va même attirer l'attention d'un haut gradé qui semble vouloir lui donner sa chance. Une chance dans le commando Skraeling. Köstler va devoir taire ses cauchemars et surtout accepter de nouvelles humiliations pour enfin connaître le prestige ultime que tout soldat recherche.
Seulement, il va découvrir un univers auquel il ne s'attendait absolument pas.
Skraeling, c'est la bande dessinée qui ferait passer Judge Dredd pour un conte pour enfant. Non pas que ce soit gore, comme a pu l'être Heavy Metal Dredd, mais l'ambiance fasciste est vraiment oppressante au plus haut point. Le soldat de la couverture annonce déjà la couleur. C'est clautrophobique, aliénant et sombre. Mais qu'est-ce que c'est jouissif. Le duo Thierry Lamy et Damien Venzy ont pondu un premier tome grandiose. Que ce soit au niveau du scénario et de la narration qu'au niveau du dessin, tout est parfaitement réussit. C'est simple, quand on commence, on ne peut pas refermer le livre sans un pincement au cur. Parce que l'on veut savoir ce qui va arrive à Köstler. On désire connaître ses choix et ses actions, si tant est qu'il ait vraiment le choix.
Je ne vous cache pas que je pense que cette série n'est pas destinée à tout le monde. Encore une fois, ce n'est pas parce que c'est gore. Ça ne l'est pas. Mais il faut pouvoir encaisser cette vision sombre d'une dictature poussée à l'extrême. Et puis, surtout, si on enlève les uniformes et les symboles propres aux régimes totalitaires, ce qui dérange c'est qu'il y a des détails qui ne semblent pas si loin de nous. Derrière cette utopie dictatoriale se cache quand même des éléments de manipulation qui nous font face tous les jours. Et ça fait mal de penser qu'on se fait avoir méchamment et qu'on nous prend vraiment pour des abrutis tous les jours. Vous ne me croyez pas ? Allumez votre télé ou écoutez la radio. Le mensonge est partout dans les mots de nos dirigeants.
Je me suis pris une bonne grosse baffe à la lecture de Le chien du Weltraum. J'espère m'en reprendre une bonne grosse pour le tome 2 qui sortira rapidement, je l'espère.